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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
 
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 je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages.

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je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages. Empty
MessageSujet: je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages.   je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages. EmptyMar 4 Aoû 2015 - 16:52

Intervention à Nogent du général de l'Armée de l'Air Pierre Caubel, pilote de B26 en Indochine:

je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages. Img_0510
général de l'Armée de l'Air Pierre Caubel, pilote de B26 en Indochine

Le général Pierre Caubel venait régulièrement au dessus du site de DBP, le sort a décidé autrement en lui faisant partager notre sort de combattant au sol.




Intervention général Pierre Caubel a écrit:

7 mai 2014 – Nogent sur Marne
 
 

   Ce n'est pas sans une certaine émotion, sans une certaine inquiétude aussi, que j'ai accepté de prendre la parole aujourd'hui, à la demande du Colonel Luciani.  Une émotion,… comment ne pas être ému lorsqu'on s'apprête à évoquer ces heures douloureuses de Dien-Bien- Phu… Pourquoi inquiet ? C'est que je me sens bien petit à côté de ces anciens dont certains sont ici et qui, avant de subir leur captivité, ont vécu entièrement toutes ces 57 terribles journées du 13 mars au 7 mai 1954, à Dien-Bien-Phu. C'est un peu à eux que s'adressera en priorité mon propos d'aujourd'hui. Que le reste de l'assistance veuille bien me pardonner cette préférence !
 

Personnellement, pilote dans l'armée de l'air, je ne connaissais la "cuvette" de D-B-Phu que du haut de mes 2 000 ou 3 000 mètres, à travers le voile épais de la brume sèche ou, par intermittence, dans les trous épars de la couche de nuages. Affecté au Groupe de Bombardiers B 26 d'Haïphong, une ou deux fois par jour, ou de nuit, je venais vous apporter un secours bien précaire. Il ne m'était pas possible alors de ne pas penser à ce que vous étiez en train de vivre, vous tous, là-bas, dessous… Tous les jours, au brieffing matinal, un officier de renseignement venait faire aux équipages le point sur la situation en nous donnant les dernières précisions sur les positions "amis" et "ennemis". Jours après jours nous voyions la peau de chagrin se réduire, depuis les premiers assauts sur Gabrielle et Béatrice, les premiers points d'appui attaqués par les viets. A l'évidence nous connaissions déjà l'issue inexorable.
Aussi, avec quelle angoisse nous apprenions chaque jour que de nouveaux volontaires, dont certains n'avaient aucune expérience du saut en parachute, étaient venus vous rejoindre au cours de la nuit précédente !
Aviateurs, nous étions privilégiés au point d'en ressentir une certaine culpabilité à votre égard. Chaque jour, une fois la ou les missions quotidiennes effectuées, nous retournions à la base, parfois un peu sur les rotules il est vrai. Mais nous retrouvions notre mess, notre chambre, nos habitudes… Une vie quasi normale !
Toutefois, début février, j'avais pu partager un peu, pendant une dizaine de jours, votre vie de combattant au sol. C'était à Muong-Saï, aux portes du Laos. J'y avais été détaché comme "P.C.I.A.", cela veut dire que j'étais l'aviateur qui, au sol, devait assurer le guidage des interventions aériennes  au profit de ce petit poste. Un petit poste niché tout en haut d'un piton dominant la haute  vallée d'un affluent de la Nam Hou. Au moment même où l'avion de liaison me déposait au pied du piton, une pluie inattendue d'obus de mortier s'est abattue sur le site. Les Viets venaient d'arriver et, malgré le renfort d'un bataillon, ils ont pu nous boucler sur place sans aucun espoir de sortie. J'ai pu connaître ainsi la crainte du prochain coup de mortier, j'ai pu connaître aussi la crainte de finir, au mieux, comme PIM au "21ème Balancier" !  ("21ème balancier", c'est ainsi que nous avions pris l'habitude d'évoquer l'éventualité d'être prisonnier, allusion avec ces balanciers que les vietnamiens utilisent pour tous les transports de charge)… J'ai pu connaître aussi le Vinogel, (un concentré de grosse vinasse) ainsi que la viande de buffle boucanée au soleil ; j'ai appris que l'on pouvait très bien vivre sans se laver et j'ai pu partager mon coin de cagna avec de gros rats qui étaient apparemment très heureux de leur sort…
Puis, un matin, plus rien… Le silence. Les Viets étaient partis, dans la nuit, sans dire un mot. Leur action sur Muong-Saï n'était qu'une diversion. Pendant ce temps, le gros leurs forces s'installaient aux abords de Dien-Bien-Phu. Le soir même un Dakota me ramenait à Hanoï, pas à moitié satisfait de m'en être sorti.  Je ne pouvais savoir sur l'instant que je ne faisais que reculer pour mieux sauter… au sens propre du mot !
______________________

 

Et le 26 avril 1954 ma vie a changé. L'après-midi, un premier B 26  de mon Groupe a été descendu en flammes sur la cuvette, certains d'entre vous s'en souviennent peut-être. A la tombée de la nuit, un deuxième B 26, celui que je pilotais, était atteint au moteur droit qui a immédiatement pris feu. L'avion restant encore pilotable, je me suis éloigné de la zone espérant de pouvoir peut-être éteindre l'incendie et rejoindre ma base... Quatre minutes plus tard, l'incendie continuant à se développer, il ne restait plus qu'à évacuer l'appareil en vol en pleine nature dans cette "haute région" du Tonkin.  Arrivé au sol, la nuit était déjà tombée… Adieu mon lit douillet de Haïphong !… Mais c'était un juste retour des choses : je venais tout simplement partager d'un peu plus près votre vie de combattant et bientôt votre vie de "Tu Binh", prisonnier des Viets !
De fait, à peine 24 heures plus tard, avec mon navigateur retrouvé au sol au petit matin, nous avons été pris par des paysans méos. Ils nous ont attaché les coudes dans le dos et nous ont ramenés aux Viets en trois jours de marche forcée.
 

Au terme de cette marche, ce fut  d'abord Muong-Phan, un site situé à vingt kilomètres à peine à vol d'oiseau du PC de D.-B.-Phu, à moins de quinze kilomètres de Béatrice ! Là grouillait plus d'un millier de "bo-doï" (les soldats "vietminh") et de coolies, hommes, femmes et enfants… Comment cet innommable caravansérail avait-il pu rester  inaperçu de nos avions, ignoré par nos services de renseignements ?...
____________________

 

Une quinzaine de jours plus tard, vers le 12 mai sans doute, c'est dans un  camp de transit près de Tuan-Giao, que nous avons vu arriver vos pitoyables colonnes. Nous avons vu arriver en particulier vos chefs directs, les uns nu-tête, le regard bas,… les autres la tête haute malgré la défaite mais avec la fierté d'avoir combattu jusqu'au bout.
 

Deux jours plus tard, ensemble, nous avons entrepris la "longue marche" qui nous menait vers les camps. Nous imaginions déjà les souffrances qui nous attendaient. La réalité sur ces 600 à 800 kms a dépassé nos prévisions !
Parmi toutes les images qui habitent nos souvenirs, laquelle pourrais-je citer ? J'évoquerai celle de ce camarade arrivé à la dernière limite de ses forces du côté de Na-San. Je m'en souviens, nous venions de longer la vielle piste de ce lieu, souvenir d'une victoire  chèrement gagnée. Vous aviez précédemment brancardé pendant des heures, à tour de rôle, ce grand corps déjà inerte. Mais les "bo-doï", ne supportaient pas le retard que cela occasionnait à notre colonne. Ils nous ont contraints à l'abandonner là, sur le bord de la route. Nous n'avons rien pu faire d'autre, le laisser là dans la nuit, à sa solitude et à sa mort : "C'est l'ordre de Giap !", nous ont affirmé les bo-doï.
Oui, tels étaient les ordres ce grand chef, ce "héros" dont le quatrième ou cinquième personnage de notre République a pu honorer récemment la mémoire avec faste, au mépris de nos souffrances, au mépris de nos morts, au mépris des survivants de familles encore en deuil !
 

Avec mon navigateur, nous avions commencé cette route dans le dénuement le plus complet. Nos combinaisons de vol étaient en loques, nos chaussures basses à semelles de crêpe avaient rendu l'âme depuis longtemps… "J'étais nu et vous m'avez habillé !" L'un de vous m'a passé une veste de treillis, un autre une paire de brodequins ! Ainsi, j'ai pu poursuivre la route grâce à vous !

[...]

suite ICI

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