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 "La CIA s'intéresse à l'Amérique du Sud maintenant ?"

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tante ju
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MessageSujet: "La CIA s'intéresse à l'Amérique du Sud maintenant ?"   "La CIA s'intéresse à l'Amérique du Sud maintenant ?" EmptyMer 5 Sep 2012 - 15:32

lu pour vous écrit par Cécile Chevré

"La CIA s'intéresse à l'Amérique du Sud maintenant ?"
OSS 117, en verve d'analyses géostratégiques, dans Rio ne répond plus




"Depuis fort longtemps" : pour répondre à la question du plus subtil des agents secrets français. Car dès avant la création de la CIA en 1947, les Etats-Unis s'intéressaient déjà au continent sud-américain et ont cherché dès le XIXe s. à y supplanter l'influence espagnole. Une lutte d'influence qui aboutit en 1898 à la guerre hispano-américaine, avec pour fond la tentative de Cuba de s'affranchir de l'autorité de l'Espagne.

L'étincelle qui a mis le feu aux poudres de cette guerre d'indépendance, c'est le sucre. Enfin plutôt de tarifs douaniers et le protectionnisme.

En effet, au XIXe s., Cuba, sous domination espagnole, est une île entièrement tournée vers l'agriculture, et en particulier vers la production de sucre. Sucre qui est exporté à 80% vers les Etats-Unis. Or l'instauration de barrières douanières met à mal les exportations de l'île, ce qui finit par créer une agitation sociale et politique qui va être durement réprimée par les autorités espagnoles. De fil en aiguille, les Etats-Unis vont se lancer dans une guerre contre l'Espagne. Le conflit s'achèvera par une défaite de l'Espagne et une courte expérience d'indépendance cubaine.

La question du protectionnisme est toujours autant d'actualité et a même été remise sous le feu de l'actualité par la crise économique.

Ainsi, l'Argentine a ainsi récemment accusé les Etats-Unis de bloquer ses exportations de viande de boeuf et de citrons.

Ironie de la situation, l'Argentine est régulièrement pointée du doigt pour son protectionnisme accru. "Depuis fin 2008, la présidente Cristina Kirchner a mis en place une politique de protectionnisme qui touche des secteurs aussi variés que l'automobile, le textile, le cuir, l'électroménager, les ordinateurs ou les portables", rappelle Le Monde.

C'est ce protectionnisme qui a fait capoter une des tentatives d'alliances commerciales les plus connues d'Amérique latine, le Mercosur. Mis en place en 1991 par l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, il avait pour objectif de faciliter le commerce et les échanges de biens et de services à l'intérieur de la communauté tout en instaurant des droits de douane extérieurs. Une idée qui s'est heurtée au protectionnisme argentin.

La nouvelle alliance qui pourrait tout changer
Cependant, une nouvelle alliance économique latino-américaine pourrait changer la donne dans la région, l'Alliance Pacifique.

Elle a été signée l'année dernière entre le Mexique, la Colombie, le Chili et le Pérou. A terme, cette alliance devrait faciliter aussi bien les échanges commerciaux entre ces pays que les implantations de services ou d'entreprises, ou encore les échanges étudiants. Conclusion, l'Alliance Pacifique, pour une fois, pourrait aboutir et stimuler le développement économique de ces pays.

Pourquoi ? Premièrement, parce que les pays ont effectivement instauré depuis des années des accords abolissant ou réduisant les droits de douanes inter-Alliance Pacifique. Ainsi, le Chili s'apprête à mettre en place une zone de libre-échange avec le Pérou et la Colombie.

Deuxièmement, parce que la symbiose économique est bien installée entre ces quatre pays. Les automobiles mexicaines sont vendues depuis des années en Colombie, au Pérou et au Chili. Ou encore que les fournisseurs de services publics (eau, électricité, etc.) colombiens ont fait leur place sur le marché péruvien. Ajoutons à cela que l'année dernière a été créé le Mercado Integrado Latinoamericano (MILA) qui regroupe les places boursières de nos quatre compères.

Quel est le potentiel de développement de la région ?
- Une population importante (215 millions d'habitants) et jeune.

- Des économies exportatrices. La proximité avec les Etats-Unis est un atout pour la région, et en particulier pour le Mexique (80% des exportations mexicaines sont à destination du puissant voisin nord-américain). Selon HSBC, les exportations du pays, actuellement estimées à 700 millions de dollars, devraient doubler en valeur dans les huit ans à venir.

Autre avantage majeur du Mexique, son économie ne dépend pas des matières premières. Ses exportations sont essentiellement manufacturées.

Autre atout du Mexique : sa main-d'oeuvre, comme le souligne Le Figaro : "Le Mexique bénéficie à la fois de la résistance des Etats-Unis dont il est très dépendant et d'une industrie plus compétitive grâce à la dépréciation du peso et une progression salariale modérée. L'écart des coûts salariaux s'est resserré avec la Chine, un concurrent direct sur la production manufacturière. 'Il n'est plus que de 10% contre 280% il y a 10 ans. Même s'il est encore confronté à des gains de productivité faibles, le Mexique réussit à attirer des investisseurs sur des secteurs à plus forte ajoutée comme l'aéronautique', détaille Sylvain Bellefontaine".

- Des pays producteurs de matières premières...
La dépendance aux exportations de matières premières pourrait être un vrai point noir pour les autres pays de l'Alliance Pacifique. En effet, le Chili possède ainsi les plus importantes réserves de cuivre au monde tandis que le Pérou et la Colombie produisent métaux, gaz et pétrole.

Des ressources naturelles qui ces dernières années ont fait la richesse de ces pays, intéressant à la fois les Etats-Unis mais aussi et surtout la Chine, gros consommateur de commodities. Seulement voilà, la Chine montre des signes persistants de faiblesse et le cours des matières premières a tendance à plonger depuis un an.

- ... qui ont su gérer la manne financière
De quoi nous faire douter de l'avenir économique de l'Alliance Pacifique ? Eh bien non. Car ces pays ont su profiter de cette manne pour assainir leurs finances publiques, réduire leur endettement et surtout créer des réserves financières qui leur permettent de voir venir et d'attendre de jours meilleurs.

La dette extérieure de la Colombie est passée de 40% du PIB en 2003 à 22% cette année. Le pays s'est aussi constitué des réserves financières estimées à 35 milliards de dollars. La dette publique du Chili atteint moins de 10% du PIB et le gouvernement a mis en oeuvre un fonds de réserve de 15 milliards de dollars en cas de coup dur. Enfin, la dette péruvienne a été réduite de 50% du PIB en 2003 à 22% aujourd'hui.

Ces pays ont ainsi diminué leur dépendance aux créditeurs étrangers.

- Des pays qui investissent pour leur développement
Conséquence de leur bonne santé économique, ces pays se sont lancés dans de grands chantiers. Objectif : améliorer leurs infrastructures. Le Pérou vient d'annoncer 20 milliards d'investissements dans les infrastructures sur les 5 prochaines années. La Colombie va investir 20 milliards dans la construction de logements sociaux et de voies de communication. Le Chili a lancé un plan de grands travaux de 14 milliards qui s'achèvera en 2014 et le nouveau président mexicain a mis l'accent pendant sa campagne électorale sur les besoins en infrastructures du pays.

Or les besoins sont particulièrement importants. Comme le rappelle la Banque mondiale, la crise économique qui a frappé l'Amérique latine des années 90 a causé un véritable retard dans les investissements en infrastructures. "Le budget des infrastructures devrait atteindre entre 4 et 6 pour-cent du PIB pour que le secteur des infrastructures d'Amérique latine puisse rattraper des pays comme la Corée et la Chine, ou du moins se maintenir au même niveau", note la Banque mondiale.

Conclusion : les nouveaux BRICS ?
Alors que la croissance marque le pas en Chine, que le Brésil affiche une prévision de croissance peu flamboyante pour 2012 (0,8%), celle du Mexique fait beaucoup plus rêver : 4%.

De manière générale, la croissance moyenne de l'Alliance Pacifique devrait atteindre 4,6% cette année.

Les perspectives sont telles, que le Mexique devrait retrouver sa position perdue de première économie du continent – aux dépens du Brésil – d'ici à 2020.

Et comme le rappelle Le Monde, la Colombie elle aussi laisse entrevoir un futur prometteur : "La Colombie est désormais la deuxième économie d'Amérique du Sud, après le Brésil (et la troisième d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique). En termes démographiques, les Colombiens (46,6 millions) avaient déjà dépassé les Argentins (40 millions). Le PIB rattrape maintenant le dynamisme de la société colombienne, malgré le handicap d'un conflit armé interne qui est un véritable cancer. Le PIB de la Colombie est de 362 milliards d e dollars, celui de l'Argentine est de 347 milliards de dollars (chiffres prévus pour 2012)".

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