Budget des armées : désaccord gouvernemental

Budget des armées : désaccord gouvernemental
Le Livre blanc sur la Défense sera dévoilé ce lundi. Désormais commence le vrai débat sur le montant et sur l'utilisation future des ressources budgétaires affectées aux armées.



Le président de la République rendra public aujourd'hui le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité.

Ce document identifie les menaces auxquelles la France est confrontée, notamment au Sahel, mais plus généralement dans le domaine du terrorisme de masse ou de la guerre informatique. Il rappelle l'importance de l'Afrique et du domaine maritime pour la sécurité commune et redit les lacunes (drones, avions de transport tactique, ravitailleurs...).

Au ministre de la Défense d'assurer le service après-vente auprès des militaires. Cet après-midi, Jean-Yves Le Drian leur présentera ce document « stratégique qui fixe les objectifs de la Défense, mais ne fait pas de descriptions capacitaires », précise-t-il bien. « Ensuite, nous passerons dans la phase d'élaboration de la Loi de programmation militaire soumise au Parlement à l'automne. »
« Je ne défends pas une corporation »

La « question principale », comme le reconnaît le ministre de la Défense, reste bien « celle des ressources que la France veut affecter à sa défense, dans une période où la ressource financière est rare ». Jean-Yves Le Drian affiche un optimisme réaliste, rappelant la déclaration du 28 mars de François Hollande garantissant le maintien de l'enveloppe budgétaire au niveau actuel (soit « un peu plus de 30 milliards d'euros » avait dit le chef de l'État). « Moi, assure le ministre de la Défense, je prends les déclarations du Président à la lettre. »

Pour autant, la bataille ne semble pas être gagnée. Jean-Yves Le Drian, dont les derniers rapports avec Jérôme Cahuzac avaient été pour le moins tendus, fait confiance à son collègue cherbourgeois, Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre du Budget, avec qui il entretient de « très bonnes » relations, « car il sait de quoi il parle et il est conscient des enjeux ».

Toutefois, au sein du gouvernement, tous les ministres n'apprécient pas cette sanctuarisation. Certains ne cachent pas qu'ils sont partisans de coupes claires dans le budget des armées. Le Premier ministre cherche toujours cinq milliards d'euros. Jean-Marc Ayrault les aurait bien piochés dans les poches des militaires. Selon le quotidien Les Echos, 5 000 postes pourraient être supprimés chaque année entre 2016 et 2019, soir un total de 20 000. « Je ne défends pas une corporation, plaide Jean-Yves Le Drian, mais la sécurité de notre pays. »

Le ministre de la Défense prévient qu'il va tout de même falloir « faire des choix qui n'ont jamais été faits ». C'est donc que si le modèle d'armée est sauvé, le format des armées reste en péril. L'automne sera chaud dans les casernes.
Philippe CHAPLEAU

source:Ouest-France