L’Orient le Jour : commémoration du 30ème anniversaire de l’attentat Drakkar, sur les lieux mêmes de l’attaque
24/10/2013 - 09:23 01 Aout 2012 - 10h00 par Alain Marsaud
Sur les sinistres décombres du Drakkar, la France s’adonne à son travail de mémoire
Béchara MAROUN | 24/10/2013
Moment de recueillement en mémoire des paras français tombés dans l’attentat du Drakkar, le 23 octobre 2013 à Beyrouth, sur les lieux de la tragédie. AFP/ANWAR AMRO
Tragédie Il y a trente ans, jour pour jour, 58 parachutistes français trouvaient la mort lors d’un terrible attentat qui a secoué Beyrouth. Soucieux de célébrer ce souvenir amer et profondément douloureux, des représentants de la France se sont rendus hier sur le site de l’explosion.
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Il est des images que le temps ne peut effacer. Celle, par exemple, d’un soldat sorti de sous les décombres, tenant encore le bras d’un camarade resté à moitié enseveli, mais encore vivant. Ou celle d’un amas apocalyptique de béton surchargé de corps encore tièdes. Violentes, perturbantes, ces images font partie de la mémoire collective d’un peuple, ou de plusieurs.
Ils étaient plus de cent soldats à prendre leur poste dans ce bâtiment en ce 23 octobre 1983, pour la plupart des jeunes venus faire à Beyrouth leur service militaire, ne se doutant pas qu’un camion-suicide bourré d’explosifs allait faire sauter le Drakkar en quelques secondes et changer leur destin à jamais. Organisé par Imad Moughnieh, héros célébré du Hezbollah, et commandité par le « Jihad islamique », l’attentat est survenu quelques minutes après une première explosion qui avait frappé les marines américains à Beyrouth, ôtant la vie à 241 soldats. Du Drakkar, il n’en sortira que 29 parachutistes indemnes. Le bilan : 58 morts et 15 blessés.
À Ramlet el-Baïda, aujourd’hui, les décombres du Drakkar forment un petit talus où ont poussé les mauvaises herbes. Une propriété privée possédée par des Libanais qui n’ont pas encore reconstruit (jusque-là) un nouvel édifice sur place. Devant le terrain, une plaque à la mémoire des victimes a été placée hier de façon improvisée, le temps d’une journée. L’histoire rapporte, en effet, que les plaques commémoratives que l’on édifiait sur les lieux disparaissaient mystérieusement.
Alain Marsaud, député des Français de l’étranger, est là pour célébrer le trentième anniversaire de l’attentat, ainsi que sa suppléante Fabienne Blineau-Abiramia. Il y a aussi des représentants de l’amicale des anciens combattants de France, l’ambassadeur Patrice Paoli, des représentants de l’UMP au Liban et des familles des soldats tombés pour la France. « C’est avec grande émotion que je me retrouve ici, affirme Alain Marsaud dans une allocution solennelle. C’est pour célébrer le souvenir de ceux qui étaient venus apporter la paix au Liban, la paix de la France et de l’ONU, avant d’être attaqués par des terroristes qui ont voulu frapper cette paix. Mais ils ont été et ils seront vengés. »
Et d’ajouter : « Le président de la République François Mitterrand est venu en ce lieu, au lendemain de l’attentat, pour se recueillir. C’est parce que la France a accompagné le Liban dans ses épreuves. En ce moment, le ministre de la Défense, ainsi que le ministre des Anciens combattants, sont tous les deux à Pamiers, d’où est originaire le premier régiment de chasseurs parachutistes afin de se recueillir sur le monument érigé dans cette caserne. C’est cela, en fait, l’engagement de la France, au profit des nations en danger. Je vous invite à une profonde réflexion et interrogation sur cette période où le Proche-Orient connaît à nouveau la guerre. »
Les ruines du Drakkar, en 1983 et le même endroit, 30 ans plus tard. AFP/JAMAL FARHAT/JOSEPH EID
À la question de savoir si les 58 soldats tombés au Drakkar ont vraiment été vengés, et si l’on peut vraiment désigner un coupable, Alain Marsaud affirme à L’Orient-Le Jour : « Je pense que l’organisateur de l’opération a été liquidé. Tous les organisateurs ne l’ont pas été effectivement car il subsiste une interrogation sur leur responsabilité exacte. Il ne s’agit pas du Hezbollah, mais du Jihad islamique. Commandité par qui ? On ne le sait pas et l’on ne peut certifier si un pays est derrière ce crime. »
De son côté, l’ambassadeur Paoli affirme que les Français sont là pour se recueillir « sans ressentiment autour des soldats qui sont tombés au Liban, pour le Liban ». « Ce qui est sûr, c’est qu’une force qui était là pour aider ce pays a été visée. Quel que soit l’objectif de l’assassin, le symbole frappé était un symbole de fraternité », confie-t-il.
La brève cérémonie a été clôturée par l’appel des morts et la pose de couronnes de fleurs en leur mémoire.
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