Centrafrique : les vraies raisons de l’intervention française
Mis à jour : 08-12-2013 23:30
- Créé : 08-12-2013 17:01
DECRYPTAGE – La France a ouvert un nouveau front en lançant une intervention militaire en Centrafrique. Mais pourquoi le pays, déjà engagé au Mali, envoie-t-il ses troupes dans le chaos centrafricain ? Metronews vous donne les vraies raisons.
7
[url=https://twitter.com/intent/tweet?url=http%3A%2F%2Fwww.metronews.fr%2Finfo%2Fcentrafrique-les-vraies-raisons-de-l-intervention-de-l-armee-francaise%2Fmmle%21e5q0fFm5ibWFU%2F&text=Centrafrique%C2%A0%3A les vraies raisons de l%E2%80%99intervention de l%27arm%C3%A9e fran%C3%A7aise %E2%80%93 metronews&via=metronews][/url]
3
[url=https://twitter.com/intent/tweet?url=http%3A%2F%2Fwww.metronews.fr%2Finfo%2Fcentrafrique-les-vraies-raisons-de-l-intervention-de-l-armee-francaise%2Fmmle%21e5q0fFm5ibWFU%2F&text=Centrafrique%C2%A0%3A les vraies raisons de l%E2%80%99intervention de l%27arm%C3%A9e fran%C3%A7aise %E2%80%93 metronews&via=metronews][/url]
La France est présente en Centrafrique depuis des années, notamment via l'opération Boali. Photo : AFP
Pourquoi la France s'engage-t-elle en Centrafrique ? L'intervention officiellement lancée jeudi par François Hollande répond d'abord à une situation d'urgence. La Centrafrique est confrontée à un risque de génocide, d'après l'ONU. Le pays s'enfonce peu à peu dans des violences confessionnelles entre groupes armés chrétiens et musulmans. Et après le drame du Rwanda, qui hante les esprits, la France ne veut plus être montrée du doigt pour ne pas avoir empêché le massacre.
Une capacité d'action réellePourquoi intervient-elle seule ? Parce qu'elle le peut. La France est en effet présente dans le pays depuis des années (n'oublions pas que Paris avait contribué à installer au pouvoir le président Bokassa). Plus de 400 soldats y sont en permanence depuis 2002 avec l'opération Boali, qui consiste en grande partie à sécuriser l'aéroport de Bangui. Contrairement à d'autres pays, elle dispose en outre d'une présence militaire assez largement répartie sur le continent (Tchad, Djibouti, Côte d'Ivoire, Senegal, Gabon) qui lui permet d'envoyer rapidement des troupes. Elle est donc la seule puissance étrangère prête à intervenir en urgence. Et comme il a été dit plus haut, la situation ne peut pas attendre.
A noter également qu'en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France doit être exemplaire dans sa mission de rétablissement de la paix et de la sécurité dans sa zone d'influence. La Centrafrique, ancienne colonie et pays francophone, en fait partie.
Le risque à long terme pour la régionLa Centrafrique étant justement une ancienne colonie française, le réflexe est ensuite de penser à la sécurité des expatriés ou à des intérêts économiques. Or, le ministère de la Défense le reconnaît : il n'y a finalement que très peu d'expatriés sur place. Pas plus de "deux cents". Leur évacuation a d'ailleurs commencé, et ne prendra pas beaucoup de temps. Il y a également des "bi-nationaux", mais là encore, ils sont très peu : "600". Paris n'a pas non plus beaucoup d'intérêts économiques sur place. La République centrafricaine (RCA) n'est en effet pas un partenaire économique de premier plan pour la France.
En revanche, d'autres enjeux stratégiques ont décidé Paris. D'abord, il y a la stabilité de la région. Car si contrairement au Mali, il ne s'agit pas directement de contrer une menace terroriste en RCA (les soldats français n'y affronteront pas des djihadistes), la France ne veut pas risquer de voir des groupes terroristes de type Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi), qui fourmillent chez ses voisins du Nord et de l'Est, étendre leur réseau au milieu du chaos centrafricain.
Des intérêts économiques proches de la RCAEnsuite parce que si les intérêts économiques de la France en Centrafrique sont limités, ils sont en revanche très présents dans les pays frontaliers : le Cameroun (est), le Tchad (nord) et le Congo (sud). De récents heurts à la frontière Camerounaise ont prouvé à Paris que la crise sécuritaire pouvait vite s'étendre en dehors des frontières de la RCA.
Enfin, sur un plan plus politique, rien (ou presque) n'aurait pu retenir François Hollande de donner son feu vert : il a derrière lui un large consensus de la classe politique française. Le PS, l'UMP, le FN soutiennent l'intervention. Ensuite parce que le costume de chef de guerre lui sied bien : l'intervention au Mali lui a offert un des rares soubresaut positif dans les sondages d'opinion. Notre baromètre montre cependant que les Français, eux, sont plus réticents. Pas sûr, donc, que François Hollande bénéficiera d'un "effet Centrafrique" dans l'opinion. Une potentielle embellie dans les sondages dépend avant tout du succès de l'opération. François Hollande sait qu'il a intérêt à ne pas s'embourber dans une guerre trop longue, ni trop périlleuse en RCA. Il a d'ores et déjà promis que ce ne sera pas le cas.
METRONEWS
Julie Mendel
E-mail