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Cette nuit en Asie : Tokyo autorise les industriels japonais à exporter des armesPar
Gabriel Gresillon et Yann Rousseau | 01/04 | 06:56 | mis à jour à 15:46
Depuis les années 60, les ventes des géants japonais du secteur devaient se limiter au marché national.
Le Japon va s’autoriser à exporter certaines catégories d’armement, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - AFP/Kazuhiro NogiDébut 1980, trois agents du KGB, se faisant passer pour des hommes d’affaires, approchèrent le bureau moscovite d’une maison de négoce japonaise. Ils cherchaient une machines capable d’usiner des turbines plus performantes pour une centrale électrique de Leningrad. Ils furent mis en relation avec la société Toshiba Machine. Et, un an plus tard, une commande d’un montant de plus de 4 millions de dollars était célébrée. Mais en avril 1987, les Etats-Unis découvrirent que l’URSS utilisait l’engin pour fabriquer des hélices à propulsion « silencieuse » pour ses sous-marins nucléaires que Washington s’efforçait depuis des années de traquer.
Vertement réprimandé par son allié, Tokyo promit plus de vigilance pour faire respecter le strict embargo sur les exportations d’armes et de technologies sensibles que le pays, se proclamant pacifiste depuis 1945, s’était de lui-même imposé dans les années 60. Et très peu de ventes d’équipements militaires furent ensuite tentées. Cette nuit, le gouvernement de Shinzo Abe a annoncé qu’il allait, pour la première fois, assouplir ces principes d’interdiction et autoriser, sous contrôle, des ventes de matériel de défense à des nations ne représentant pas de menace pour la paix et la sécurité mondiale.
« C’est l’un des plus grands changements de ces dernières décennies », résume Atsushi Tago, un professeur de relations internationales à l’Université de Kobe.
Cet assouplissement, qui était réclamé par les grands industriels du secteur, va permettre de casser les coûts de développement des nouveaux équipements. Les groupes tels que Mitsubishi Heavy Industries, Kawasaki Heavy industries ou IHI ne pouvaient jusqu’ici viser que le marché domestique de défense, estimé à seulement 1.500 milliards de yens (10,5 milliards d’euros) par an. «
Désormais, ils pourront espérer produire de plus grandes séries avec des contrats ou des partenariats à l’étranger », explique Atsushi Tago, qui rappelle que les grands projets de défense se font désormais en association entre plusieurs nations.
En accédant à ces projets internationaux mais aussi en s’autorisant à vendre des équipements aux pays amis de la région, notamment en Asie du Sud-Est, le Japon veut aussi doper son aura régionale et se présenter en puissance de résistance crédible à la très rugueuse poussée d’influence de la Chine dans la zone. Dès mardi soir, les autorités de Pékin n’ont d’ailleurs pas manqué de se déclarer préoccupées par ce revirement japonais.
Yann Rousseau (à Tokyo) Signaux contradictoires pour l’industrie chinoise
Qui croire ? Deux indices, publiés ce matin, renvoient une image divergente de l’activité manufacturière au mois de mars en Chine. L’indice officiel des directeurs d’achats s’est situé à 50,3 points contre 50,2 en février. A l’inverse, l’indice des directeurs d’achats calculés par la banque HSBC et Markit s’est établi à 48 points, contre 48,5 en février. Il y a donc une double contradiction : d’un côté, les deux chiffres sont situés de part et d’autre de la barre des 50 qui traduit une stagnation. Cela signifie que là où les autorités constatent de la croissance, HSBC pointe une contraction de l’activité. De l’autre, l’évolution sur un mois est à l’amélioration selon le gouvernement, et à la détérioration chez HSBC.
Deux différences principales caractérisent ces indices sur le plan méthodologique. Celui réalisé par HSBC prend en compte un échantillon plus petit, ce qui pourrait en affecter la précision. Mais il inclut plus de groupes privés, tandis que le «PMI» officiel met l’accent sur les grandes industries et les groupes publics. La situation actuelle pourrait donc être celle d’un léger mieux dans les grandes industries, qui bénéficient toujours d’un soutien de la part des autorités, mais d’une détérioration continue dans le secteur industriel privé. Certains économistes notent également que l’activité manufacturière connaît généralement un léger mieux en mars, ce qui pourrait expliquer la bonne tenue du chiffre officiel. A Shanghai, la Bourse semblait, en tout cas, vouloir privilégier, ce matin, le scénario optimiste. Elle repartait à la hausse, portée également par l’espoir que les récentes promesses de mesures de relance, annoncées par le Premier ministre, se concrétisent.
Première victoire des manifestants anti-chinois à Taïwan
Après avoir essuyé l’affront d’ une manifestation monstre au cours de la journée de dimanche , le président taïwanais Ma Ying-jeou a effectué, hier, un geste important en direction des centaines de milliers d’opposants à son projet d’accord commercial sur les services avec la Chine. Le gouvernement a en effet annoncé, en fin de journée, qu’un projet de loi allait être validé, dès jeudi, afin d’être présenté rapidement au parlement. Il prévoit de systématiser une surveillance de tous les accords signés entre l’île et la Chine communiste. Cette loi, qui devrait permettre d’éviter de trop grandes concessions vis-à-vis de Pékin, était l’une des revendications phares des manifestants de dimanche, dont le nombre a dépassé les 100.000 (pour se situer même autour de 300.000, selon les organisateurs).
Malgré tout, Ma Ying-jeou refuse de céder sur l’autre pomme de discorde, à l’origine de l’actuelle flambée de tension. Les manifestants s’opposent en effet à un pacte commercial signé entre Taipeh et Pékin qui prévoit de libéraliser les échanges dans les services entre les deux pays. Ses détracteurs y voient le risque d’une trop grande soumission à la force de frappe économique de Pékin, tandis que ses défenseurs considèrent, au contraire, qu’il pourrait créer de nombreux emplois sur ce que Pékin considère comme une «île rebelle».
Tokyo ne veut pas renoncer à sa chasse à la baleine
Hier, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné l’arrêt de la chasse à la baleine menée par le Japon en Antarctique. L’institution a expliqué que le pays avait déguisé, pendant des années, ses captures commerciales en prétextant un programme de recherche scientifique baptisé «Jarpa», aux contours très flous. «Le Japon doit révoquer tout permis, autorisation ou licence déjà délivré dans le cadre de Jarpa II et s’abstenir d’accorder tout nouveau permis», a dès lors ordonné Peter Tomka, président de la CIJ. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui militaient pour cette interdiction, ont immédiatement salué la décision.
S’il a annoncé, hier soir, qu’il respecterait la décision de la Cour, le Japon semblait, ce matin, décidé à envisager une approche alternative pour ne pas renoncer totalement à sa pêche à la baleine. Selon le quotidien Asahi, Tokyo pourrait proposer à la Commission baleinière internationale un nouveau programme de recherche scientifique portant sur la capture de beaucoup moins d’animaux. Des navires du pays poursuivent aussi les pêches dans d’autres régions du globe, et notamment dans le nord de l’océan Pacifique.