Publié à la demande de notre camarade "Pérignon"
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INAUGURATION DE LA PLACE ANDRE ZIRNHELD 10 NOVEMBRE 2022Discours de Geoffroy Boulard Maire du 17e arrondissement
Monsieur l’ambassadeur de Belgique, Cher François
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, soldats, gendarmes,
Mesdames et messieurs les présidentes et présidents d’associations,
Chers élèves des collèges Boris Vian et Saint Jean de Passy,
Cher Jean-Michel Zirnheld,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Donnez-moi, mon Dieu, ce qu'il vous reste Donnez-moi ce que l'on vous refuse Je veux l'insécurité et l'inquiétude Je veux la tourmente et la bagarre Et que vous me les donniez, mon Dieu, Définitivement, Que je sois sûr de les avoir toujours !
1942, l’aspirant François Martin découvre cette profession de foi dans un carnet présent dans les effets personnels d’un parachutiste qui vient de mourir en opération lors d’un raid qu’ils ont mené ensemble sur la grande base aérienne allemande de Sidi-Haneish en Égypte.
Cette prière chrétienne dont je viens de vous citer un extrait est une prière universelle : elle vit en chaque parachutiste, quelle que soit l’époque, quelle que soit son origine, quelle que soit sa croyance.
Elle fait partie de son paquetage spirituel.
Murmurée, récitée, chantée et même pleurée car chargée d’émotions et de souvenirs de combats menés ensemble et de visages disparus sur tous les fronts, elle est devenue la prière de tous ceux qui se préparent au sacrifice ultime. Son auteur s’appelle André Zirnheld, membre des Forces Françaises Libres et du « Special Air Service », les forces spéciales des forces armées britanniques.
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A 29 ans, il est le premier officier parachutiste tombé au Champ d’Honneur. Je suis fier de lui rendre hommage aujourd’hui, chers amis, par cette place qui désormais portera son nom, non loin du cimetière des Batignolles où il repose, sa tombe ornée de fleurs que nous venons de déposer en préambule de cette journée exceptionnelle. Si cette prière du para bien connue a souvent éclipsé son auteur, André Zirnheld est une figure tutélaire, un symbole de courage et de résistance, d’engagement au combat. En quelque sorte un frère d’arme qui a toujours été guidé par la force d’un intellect brillant, lui le professeur de philosophie, et par une soif inépuisable d’aventure. Né en 1913 d’une famille catholique d'origine alsacienne André Zirnheld devient Scout de France avant d’intégrer le pensionnat catholique diocésain de Passy, actuel Saint-Jean de Passy dont je salue les professeurs et élèves présents aujourd’hui, ainsi que le collège Boris Vian du 17e arrondissement aussi représenté à cette cérémonie. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le professeur Zirnheld basé à Tunis répond à l’appel des Forces Françaises Libres en gagnant la Palestine Britannique. C’est le début d’un voyage qui le mène en Egypte où il combat l’armée italienne, puis à Brazzaville au Congo où il obtient le grade d’officier à l’Ecole des aspirants. De la guerre, il confie : « Je n'ai pas à me plaindre de la guerre. D'elle, je dois apprendre à vivre de n'importe quoi. D'elle, je dois tirer profit, plus grand profit même que de la vie que j'aurai mené sans elle. C'est au contraire la paix, la situation, la carrière qui eussent été artificielles et dangereuses pour mon progrès » Le destin devait donc faire revenir l’officier Zirnheld au Proche-Orient en 1942 où il se porte volontaire dans une unité commando parachutiste française intégrée au Special Air Service britannique.
Ses faits d’armes exceptionnels lui valent l'insigne des ailes opérationnelles SAS, les « ailes égyptiennes », avant d’être proposé pour la Croix de guerre et la Military Cross.
Lors de sa citation à l’ordre de la Libération dont je salue son délégué national le général Baptiste, l’Aspirant parachutiste André Zirnheld est qualifié ainsi : « Excellent chef, calme et audacieux ».
Une attitude qui convient parfaitement à la devise des SAS : « Who dares win », « Qui ose gagne ».
Mais un soldat ne le sait que trop. On ne gagne pas toujours. C’est la nature de votre noble et admirable mission. C’est le prix de la liberté. De notre liberté quand celle-ci est menacée, alors qu’en ce moment même, aux confins de l’Europe, la guerre frappe nos amis ukrainiens.
Je veux remercier solennellement le 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine et son chef de corps le colonel Foudriat. C’est un honneur et un privilège que de pouvoir compter parmi nous cette troupe d’Elite prestigieuse qui a fait un long chemin depuis Bayonne et dont le dévouement sans faille permet de protéger nos libertés fondamentales.
Soyez-en profondément remercié.
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Des Forces Spéciales SAS britanniques d’André Zirnheld de 1942 aux Forces Spéciales d’aujourd’hui, il y a une filiation, un héritage, une communauté d’esprit et de coeur.
Celui des paras est gros comme une caserne. Ils sont le symbole de notre état, de nos valeurs. Soldats généreux, soldats de l’urgence, dévoués à leur pays, prêts à fondre sur l’ennemi, cette hydre qui se niche dans le coeur de ceux qui se complaisent dans le mal. Cette mission, André Zirhneld l’aura menée avec honneur et courage jusqu’à son dernier souffle. Peu avant sa mort, il dit à l’aspirant François Martin : « Je vais vous quitter. Tout est en ordre en moi ».
Le jeune officier para est enterré sur ce théâtre d’opération égyptien avec les honneurs militaires, une croix sommaire et cette inscription :
« Aspirant André Zirnheld, mort pour la France le 27 juillet 1942 » André Zirnheld est : - Compagnon de la Libération, le 1er mai 1943 à titre posthume, - Médaillé Militaire à titre posthume, - Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec 2 palmes, - Titulaire de la Médaille de la Résistance Française avec rosette,
- Nommé sous-lieutenant à titre posthume, en 1964,
- Parrain d’une promotion de l’École Militaire Inter-Armes ; une délégation de cette École est présente aujourd’hui.
Et à présent, cette place que je suis fier et heureux d’inaugurer aujourd’hui.
Enfin, je veux chaleureusement remercier Jean-Pierre Brulon et Hervé Croux, qui ont permis de réparer cet oubli, permettant enfin d'inscrire dans l’Histoire et dans notre arrondissement le nom d’André Zirnheld, une figure de légende de l’armée française.
Je vous remercie.