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  Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur

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4 participants
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Pérignon
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Pérignon



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MessageSujet: Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur    Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur EmptyJeu 26 Jan 2023 - 21:18

De la Résistance à l’Indochine, les mérites hors norme de l’adjudant Daniel Bouwet, héros parmi les hommes

 Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur Xvm3ee10
Daniel Bouwet (assis), le 14 janvier, à Lambersart (Nord).

Citation :
RÉCIT - Daniel Bouwet est le premier sous-officier à avoir été récemment élevé au rang de grand-croix de la Légion d’honneur, à 96 ans. La Résistance à 17 ans, les camps de concentration, la guerre d’Indochine, celle d’Algérie, les blessures, l’invalidité, les médailles et les citations militaires… cet homme discret, originaire du Nord, ne parlait guère de ses actes de bravoure, pas plus à ses collègues qu’à sa famille.

Deux jeunes paras le portent à bout de bras. Seul, il ne tiendrait plus debout. Les soldats ont donc extrait avec précaution de son fauteuil roulant la fragile silhouette de leur ancien, en tentant de soulager son effort pour qu’il puisse recevoir sa distinction. À 96 ans, Daniel Bouwet a perdu sa force physique. Une de ses mains tremble et l’autre, les doigts serrés, tente de la calmer. Quand on s’adresse à lui, il répond doucement et d’une petite voix, comme pour s’excuser d’être «sourd». Parler l’épuise. Mais ses yeux fixes témoignent de sa concentration extrême, alors qu’un tourbillon l’entoure. On se dit qu’il repense au parcours qui l’a mené jusque-là.

Ce samedi, Daniel Bouwet porte une nouvelle fois le béret rouge, une sobre cravate et une veste noire. Une écharpe rouge enserre son torse. À la fin de sa vie, l’adjudant reçoit une ultime distinction, hommage respectueux à une vie exceptionnelle: il est élevé au rang de Grand-croix de la Légion d’honneur. Dans une petite salle du centre Charles-de-Gaulle à Lambersart, dans cette banlieue de Lille où il est né le 29 mars 1926, les invités - famille, militaires, élus locaux et nationaux - murmurent leur admiration. Il est le premier sous-officier à obtenir cette dignité depuis que Napoléon a créé l’ordre. Le nombre de grands-croix, ultime honneur de la République, est limité à 75 personnes au maximum. Dans l’ordre de la Légion d’honneur, «on ne progresse pas à l’ancienneté» à ce niveau-là, dit l’amiral Coldefy, président de la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH). «L’État met en exergue des parcours méritant par eux-mêmes.» Élu de la région, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va remettre la décoration au nom du président de la République.

«Si vous l’aviez croisé dans la rue, auriez-vous cru que cet homme d’un mètre soixante et un a eu cette carrière exceptionnelle et qu’il a échappé tant de fois à la mort?», interroge Brigitte Pourpoint, la présidente de la section départementale de la SMLH, dans son propos liminaire. Une petite centaine de convives, ce 14 janvier, assiste à la cérémonie. La salle des mariages n’étant pas disponible, Willy Lalaus, le secrétaire de la section, a dû serrer quelques chaises.

«J’ai rencontré Daniel Bouwet à l’occasion de visites de solidarité dans sa petite maison de Lomme», explique Évelyne Willame, la trésorière de l’association. À partir de 80 ans, les anciens ont droit à des visites, à des petits cadeaux, comme une boîte de chocolats. Les discussions se nouent. Daniel Bouwet lui a confié quelques souvenirs des camps, où il a été envoyé à 18 ans. «Comme il était jeune, tous les matins il était désigné par les Allemands pour faire le tour des baraquements avec une brouette et porter les corps au crématorium», rapporte-t-elle, une pointe d’effroi dans la gorge. «Quand il m’en parlait, il avait une voix de gamin». Il lui a aussi parlé de l’après-guerre. «Quand il est revenu des camps, il était étonné que tant de gens se déclarent résistants», dit-elle. Lui ne s’est jamais vanté, comme un héros anonyme.

«C’est historique», confie le général Bertrand Toujouse. L’ancien patron des forces spéciales dirige aujourd’hui le commandement des forces terrestres, basé à Lille. «Souvent, à ce niveau-là de dignité, on trouve de grandes figures de la résistance, des chefs d’État, des officiers», dit-il. La promotion 2022 compte l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l’historien Serge Klarsfeld, quelques généraux ou encore la chanteuse Line Renaud. «Là, il s’agit d’un sous-officier», répète le général Toujouse en admirant l’engagement de Daniel Bouwet auprès des hommes et au combat. Il a connu la Résistance à 17 ans, les camps, la guerre d’Indochine et celle d’Algérie, les médailles et les citations militaires, mais aussi les blessures et l’invalidité. Les articulations de ses mains n’ont jamais vraiment guéri depuis qu’il a été pendu par les doigts. Il a aussi gardé des cicatrices des coups de baïonnette.

Ses faits d’armes auraient pu être oubliés. L’homme est d’un tempérament aussi battant que discret. À 34 ans, après seize années de service dans l’armée, Daniel Bouwet a pris sa retraite militaire pour rejoindre une vie civile et un emploi à la manufacture des tabacs de Lille, où il travaille encore vingt ans. «Il n’a pas cherché à tirer bénéfice ou gloire de ce qu’il avait fait, avec le sens du service et de l’honneur», insiste le général Toujouse. Le rang d’officier de la Légion d’honneur lui a quand même été accordé en 1974. Il est promu au grade de commandeur en 2003. En 2017, il est fait grand officier. «J’aurais voulu qu’il puisse aller dans des écoles pour montrer le sens de l’engagement», confie le général Jean-Claude Thomann, qui l’avait décoré. L’histoire aurait pu s’arrêter là, comme c’est le cas généralement.

Au fond de la salle, le sourire aux lèvres, le colonel Camus trépigne. À plus de 90 ans, il déborde de joie et d’énergie, si bien que parfois il perd l’équilibre. «Personne n’y croyait», s’exclame-t-il les yeux brillants. «Il fallait avoir la foi», dit-il. Sa détermination et son minutieux travail pour retracer le parcours de Daniel Bouwet ont permis de faire reconnaître les mérites hors norme de l’adjudant. «Les gens me disaient tu travailles pour rien. Mais à moi, il racontait son histoire. On est des anciens de l’Indochine».

À son épouse, Daniel Bouwet parlait peu de ce qu’il avait enduré avant de la connaître. «La guerre, la guerre», murmure d’une voix fragile Giselle. Sa mémoire vacille et ses enfants la protègent. Deux d’entre eux, Jean-Michel et Marie-Christine, sont là ce samedi. «À ses copains, il parlait, pas à moi», dit-elle. À ses enfants, il ne se livrait pas spontanément non plus. «Il ne parlait pas beaucoup des camps. De l’Algérie un peu. De l’Indochine, oui», raconte son fils Jean-Michel. Toutes les guerres ne se ressemblent pas, et leur mémoire encore moins. «J’ai appris son histoire en tapant les rapports pour les demandes de pension d’invalidité», continue sa fille Marie-Christine. Jeune, elle aide les anciens résistants à faire valoir leurs droits. Elle découvre ses blessures et ses faits d’armes. «Tu as vraiment fait cela Papa?», lui demande-t-elle. «J’ai fait ce que je pouvais», lui répond-il. Ou bien: «J’ai fait mon devoir.»

Encore adolescent, à 17 ans, Daniel Bouwet est entré dans la Résistance après avoir entendu l’appel du général de Gaulle. «Il voulait rejoindre la Grande-Bretagne. À 17 ans, on ne réalise pas vraiment, on fonce», assure Jean-Michel. En octobre 1943, le jeune garçon participe à des actions dans la région de Cahors avant d’être fait prisonnier. En décembre, il doit être déporté avec un millier d’hommes vers l’Allemagne. Mais dans le train, l’un d’eux a dissimulé une petite vrille. On se relaie pour percer la paroi du wagon. Une dizaine, dont Daniel Bouwet, parvient à s’évader. Il poursuit dans la Résistance, participe à l’attaque d’une prison allemande pour libérer des camarades… En mai 1944, le jeune homme est de nouveau fait prisonnier. Il est condamné à mort par les nazis. Mais la sentence n’est pas exécutée: l’offensive des Alliés durant l’été oblige les occupants à se replier. Dans leur obstination meurtrière, ils emportent leurs prisonniers. Daniel Bouwet monte dans «le dernier train de Loos» en août 1944. Sur les 870 hommes qu’il embarque, seuls 250 reviendront des camps. Daniel Bouwet est envoyé à Sachsenhausen, Neuengamme puis Bergen-Belsen. Il ne pèse plus que 36 kg à sa libération.

Trois mois plus tard, il s’engage dans l’infanterie coloniale. Il est affecté à une compagnie de réparation du matériel. Mais il demande à rejoindre une unité combattante. Il se retrouve près de Saïgon avec les forces spéciales parachutistes des SAS, pour combattre les forces japonaises qui occupent encore l’Indochine française. Il saute trois fois avant que quelqu’un se rende compte qu’il n’avait pas été formé pour. Entre-temps, la guerre change de nature et les Vietnamiens se battent pour leur indépendance. Jusqu’en 1954, Daniel Bouwet effectue trois séjours en Indochine, où il multiplie les actes de courage militaire: il combat au corps-à-corps, tient tête à l’adversaire, sauve des vies, forme d’autres soldats. Il n’abandonne jamais. Les blessures guérissent et il retourne en première ligne. En 1954, la France renonce à l’Indochine. Le soldat sert de petite main pour la commission de mise en œuvre des accords de Genève. De retour en métropole, il s’ennuie de nouveau en garnison. En 1957, il demande à partir en Algérie. Il y reste 43 mois. Le 1er juillet 1959, après d’autres faits d’armes qui valent quelques décorations, il est nommé adjudant. Puis il fait valoir ses droits à la retraite en juillet 1960, comme s’il avait compris que cette guerre n’était pas à gagner.

«Votre héroïsme tranquille n’est pas un exemple, il est l’exemple», énonce Gérald Darmanin en prononçant l’éloge de Daniel Bouwet et en reprenant des mots du récit de dix pages du colonel Camus. «Rien ne vous a arrêté, ni les arrestations, ni les tortures, ni la déportation, ni les guerres. Vous n’avez pas accepté, contrairement aux autres, l’idée que la France était une cause perdue, vous n’avez pas accepté les morts certaines ou que vos camarades n’avaient pas besoin de vous pour être courageux», poursuit le ministre. «Vous avez connu les défaites, les morts, l’injustice, l’acharnement de ceux qui ont cherché à vous briser et vous priver de votre dignité. Après tant d’épreuves vous en avez tiré une énergie et une combativité qui dépassent l’entendement et qui méritent toute l’admiration de la nation. Personne n’a réussi à vous faire abdiquer», dit-il, avant de remettre l’insigne à Daniel Bouwet et lui susurrer quelques mots à l’oreille. Sans doute un remerciement.

Le ministre ne s’attarde pas. Les autres convives lèvent un dernier verre au buffet, en l’honneur de leur ami ou de leur frère d’armes. «Parfois, quand on est soldat, on a mal partout… Voir quelqu’un comme Daniel Bouwet, ça rassure», confie le colonel Éric, ancien chef de corps du 1er régiment de chasseurs parachutistes. «Cela donne confiance dans la qualité de l’Homme, avec une majuscule», dit-il. Puis les soldats entonnent d’une voix grave leur chanson, la prière du para: «Mon Dieu, Mon Dieu, donne-moi la tourmente / Donne-moi la souffrance et puis la gloire au combat / Ce dont les autres ne veulent pas.» Daniel Bouwet doit la fredonner en son for intérieur.

https://www.lefigaro.fr/international/de-la-resistance-a-l-indochine-les-merites-hors-norme-de-l-adjudant-daniel-bouwet-heros-parmi-les-hommes-20230125


Citation :


Présidence de la République

ORDRE NATIONAL DE LA LÉGION D’HONNEUR

      Décret du 7 novembre 2022 portant élévation dans l’ordre national
de la Légion d’honneur en faveur des militaires n’appartenant pas à l’armée active


Ministère des armées


Par décret du Président de la République en date du 7 novembre 2022, pris sur le rapport de la Première ministre et du ministre des armées et visé pour son exécution par le grand chancelier de la Légion d’honneur, vu la déclaration du conseil de l’ordre portant que les présentes élévations sont faites en conformité des lois, décrets et règlements en vigueur, le conseil des ministres entendu, sont élevés au titre de l’article 1er du décret no 2021-240 du 3 mars 2021 fixant les contingents de croix de la Légion d’honneur pour la période du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2023, pour prendre rang à compter de la date de leur réception, les militaires n’appartenant pas à l’armée active désignés ci-après :


A la dignité de grand’croix

Sans traitement

ARMÉE DE TERRE

Bouwet (Daniel, Désiré, Robert). Adjudant, infanterie. Grand officier du 8 juin 2017




https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=YdgKez-mMbpqCHwi6YC0xe-nam6aCtsgM2LdqywZyGE=

FOUQUET66, le 6, Rudy Laures, claude.d, bebe rose et marienneau jean-michel aiment ce message

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bebe rose



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MessageSujet: Re: Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur    Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur EmptyVen 27 Jan 2023 - 10:51

Bravo!
Merci PERIGNON.
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Dakota27
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MessageSujet: Re: Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur    Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur EmptyDim 5 Mar 2023 - 12:18

Bravo à ce grand ancien (pas par la taille mais par la valeur), cela nous change des habituels récipiendaires de cette décoration tant galvaudée !!!!

claude.d et marienneau jean-michel aiment ce message

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MessageSujet: Re: Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur    Daniel Bouwet premier sous-officier élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’honneur EmptyDim 5 Mar 2023 - 19:10

Bravo pour ce remarquable sous-officier. La République est généreuse mais pas trop car il est promu "Sans traitement" !

le 6 et marienneau jean-michel aiment ce message

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