Billet d'humeur à propos du 60ème anniversaire du débarquement de Provence

Billet d'humeur repris dans mes archives personnelles


À PROPOS DE CE SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE 
DU DÉBARQUEMENT DE PROVENCE


Ce soixantième anniversaire, tout comme le cinquantième, a été marqué 
par des cérémonies impressionnantes et fortement médiatisées. Que l'accent 
ait été mis sur la parti-cipation à ce débarquement des soldats africains, 
nord-africains notamment, et des français d'AFN largement mobilisés : 
rien à dire. Que la Marine en ait profité pour faire parler d'elle en faisant 
défiler ses vaisseau; dont le porte-avions à bord duquel ont été accueillies 
les plus hautes autorités de l'État — du nôtre et des États invités ! rien à 
dire non plus, même si certains commentaires ont large-ment dépassé la
mesure. Ainsi, ai-je cru entendre de la part d'une commentatrice enflammée 
que « si le débarquement d'août 1944 avait eu lieu, c'était un peu grâce au 
sabordage de la flotte de 1942 ». Peut-être ai-je mal compris... Je l'espère 
tout au moins. On me répondra sans doute là-des-sus. De toute façon, tout
ce qui est excessif est sans valeur... Passons. Ce qui est inadmissible en 
revanche est le fait que la participation des forces aériennes françaises, et
plus précisément des forces aériennes de l'Armée de•Pair, largement engagées 
dans ces opérations de Provence, ait été passée sous silence. Et pourtant, 
cette participation a été massive : six groupes de chasse (P-47 et Spitfire), 
six groupes de bombardement (B-26) et un groupe de reconnaissance 
(P-38 Lightning), ce qui représentait tout de même de l'ordre de 300 appareils. 
Le même « oubli » avait été constaté lors des cérémonies du cinquantenaire 
du même débarquement (1994) tout comme il l'a été lors des grandioses 
manifestations de juin 1994 et de juin dernier marquant les cinquantième 
et soixantième anniversaires du débarquement de Normandie "La coupe est pleine".
J'appartiens à la deuxième promo de l'après-guerre et n'ai donc pas participé 
aux opérations évoquées. Je ne saurais en conséquence me faire le porte-parole
de ceux qui ont été engagés dans ces opérations qui ont permis à notre pays 
d'être libéré — et à quel prix l Plusieurs de ceux-là ont été en revanche mes 
chefs dont j'ai eu l'occasion de mesurer l'amertume devant le fait que non 
seulement leur rôle n'a pas été salué mais encore qu'ils n'ont même pas été
 invités aux cérémonies en question. Quand l'Armée de l'air réussira-t-elle à 
se sortir de cet anonymat qui ne semble pas la troubler outre mesure. Ceux 
qui sont sous le harnais, c'est-à-dire ceux d'active, sont fiers, à juste titre, 
de ce qu'ils font, des résultats obtenus dans les multiples opérations aux-quels
ils participent. Nous en sommes fiers nous aussi avec eux. Il ne faut cependant
pas croire que le « public » partage nos sentiments. Il a certes, dit-on, une 
bonne image de l'Armée de l'air. Cela n'a pourtant aucun signification dès lors 
qu'il ne sait pas à quoi sert cette armée et qu'il ignore, en dehors du cercle 
étroit des « fanas », ce que font nos force: aériennes et encore plus ce qu'
elles ont fait dans l'histoire, « puisqu'on n'en parle pas » ! Les « portes ouvertes », 
les « manifestations aériennes », les absorbantes activités de « relations publiques », 
au plan local, régional ou national ont beau être multiples, elles ne permettront pas 
de redresser la barre tant que les médias ne joueront pas leur rôle de caisse de 
résonance et tant que l'Année de l'air en « oubliée » lors des grandes commémoration:
nationales comme elle vient de l'être en juin et août derniers. Je ne suis pas certain
aujourd'hui que l'on ait partout pleine conscience de l'ampleur et de l'importance 
d'une telle lacune. D'où mon propos: sans doute un tantinet rageur, mais qui 
s'inscrit sur un fond d'une pénible vérité...

Merci!

Beau coup de gueule, actuellement ne compte que ce qui est médiatisable (et récupérable politiquement), l'histoire compte pour du beurre. 
Rappelez-vous cette citation, on y est !