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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix.
+5
Bardin
battement zéro
claude millet
FOUQUET66
Pérignon
9 participants
Auteur
Message
Pérignon Expert
Sujet: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 10:55
Adieu Madame. Reposez en paix.
claude.d et Airborn28 aiment ce message
Pérignon Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 15:33
Citation :
---------- Forwarded message --------- De : Administration <administration@union-nat-parachutistes.org> Date: ven. 31 mai 2024 à 11:41 Subject: Décès Geneviève de Galard To: Administration <administration@union-nat-parachutistes.org>
Le général de corps d’armée (2S) Vincent GUIONIE, président national de l’UNP et les adhérents de l’association ont la douleur de faire part du décès de madame Geneviève de GALARD survenu le 30 mai 2024. Il adresse au nom des membres de l’association et en son nom à monsieur Jean de HEAULME, son époux, les condoléances attristées de L’UNP. Que Saint Michel veuille à présent sur Geneviève. Les parachutistes ne l’oublieront pas. Geneviève était membre de l'UNP depuis 1980 et membre de son Comité d'Honneur.
claude.d et Airborn28 aiment ce message
FOUQUET66 Expert
Sujet: Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 15:54
Sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Que Saint Michel veille à présent sur Geneviève de GALARD et la reçoive avec tous les honneurs après avoir tant donné aux combattants de Dien Bien Phu.
Les parachutistes ne l’oublieront jamais !
claude.d aime ce message
claude millet Fondateur
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 16:54
A Dieu Madame...que notre Archange St MICHEL vous reçoive!
claude.d et Airborn28 aiment ce message
battement zéro Pro !
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 17:44
Qu,elle repose en paix!
_________________
claude.d et Airborn28 aiment ce message
Bardin confirmé
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 18:04
Reposez en paix.
claude.d et Airborn28 aiment ce message
cpa confirmé
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 31 Mai 2024 - 18:11
Madame, reposez en paix!
claude.d et Airborn28 aiment ce message
FOUQUET66 Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Sam 1 Juin 2024 - 11:50
Geneviève de Galard, « l’ange de Ðiện Biên Phủ », a rejoint le Paradis, à 99 ans, ce 30 mai 2024: sa place est au Panthéon !
claude.d et Airborn28 aiment ce message
guilhon Pro !
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Lun 3 Juin 2024 - 11:50
qu elle repose en paix;une heroine nous quitte!
Pérignon Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Sam 8 Juin 2024 - 10:41
Geneviève de Galard a eu un hommage national aux Invalides. Merci, Madame !
Citation :
La messe de funérailles de Geneviève de Galard et l’hommage national qui a suivi ont eu lieu aux Invalides, ce 7 juin, veille de la Journée nationale d'hommage aux morts d’Indochine instituée en 2005. Rappelons que 47.000 militaires français sont morts au combat là-bas. Quant aux prisonniers, seul un sur quatre est revenu. Puisse Geneviève de Galard retrouver, au paradis, ceux dont elle a soigné le corps et l’âme en enfer. Celui de la cuvette de Ðiện Biên Phủ.
Il y avait peu de journalistes - nous étions deux, dans l’espace imparti à la presse - mais beaucoup de militaires. C’était des légionnaires qui portaient le cercueil, ceint du drapeau tricolore. Dommage, il n’y avait pas Libération pour entendre, sous la galerie des Invalides, ce jeune officier lancer à la cantonade, avec insolence : « Pour une fois que c’est quelqu’un d’intéressant, je me suis porté volontaire ! » : un mètre linéaire d’enquêtes à charge sur la supposée misogynie de l’armée qui se serait soudain effondré. Tiens, c’est vrai, pourquoi la presse de gauche était-elle complètement absente ? Une femme, héroïque, sous le feu du combat à une époque où « cela ne se faisait pas » aurait dû les ravir. Penses-tu !
Quand on demandait à Geneviève de Galard ce qui, dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ, l'avait soutenue, a rapporté Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, dans son éloge funèbre, elle répondait : « Ma foi et mon rouge à lèvres ! » Une femme française, une vraie. Que sa famille honore et oblige : l’un de ses ancêtres était compagnon d’armes de Clovis, un autre celui de Jeanne d’Arc. L’ange de Ðiện Biên Phủ a d’ailleurs rendu son âme le même jour que la Pucelle d’Orléans (le 30 mai). On a le droit de n’y voir qu’une coïncidence ou de penser, comme Einstein, que le hasard n’est rien d’autre que Dieu qui se promène incognito.
Il y a peu ou prou trois figures féminines qui marquent, pour la postérité, la période indochinoise. Marguerite Duras (et son Amant), la Marie-Dominique de la chanson, dont on se demande éternellement ce qu’elle « f… à Saïgon » - combien de soldats, eux, se sont demandé ce qu’ils f… dans la cuvette de Ðiện Biên Phủ ? Mais une seule est un ange : Geneviève de Galard. Et les anges n’ont pas d’âge. J’ai souvenir d’un mariage dans le Gers, où elle était assise, fragile, élégante et souriante, son mari, debout, à ses côtés. J'ai eu du mal à l’approcher, tant de jeunes officiers empressés, admiratifs, l’entouraient, comme si, malgré ses 90 ans, elle était Scarlett O’Hara. Puisqu’on parle de cinéma américain, eux autres n’auraient pas traîné pour faire de cette convoyeuse de l’air, cette IPSA (infirmière pilote secouriste de l’air) comme on les appelait alors, l’héroïne d’un de ces blockbusters dont ils ont le secret. Besoin de rien inventer pour le romantisme du scénario, tout est déjà là : cette église des Invalides où hommage lui a été rendu, elle s’y est mariée. Avec l’un de ceux qu’elle a rencontrés en Indochine : le capitaine de Heaulme. Ce dernier était présent, bien que centenaire, pour assister au dernier hommage rendu à son épouse, porté par de jeunes militaires dans son fauteuil, avec son béret rouge sur la tête. Leurs trois enfants ainsi que leurs très nombreux petits-enfants étaient debout, eux aussi, ce vendredi, dans la cour des Invalides. Geneviève de Galard est bien trop « vieille France », selon la délicieuse expression, pour avoir l’heur de plaire au cinéma français. Pourtant, convenons qu'elle a montré, bien avant l’engouement pour les transgenres et les non-binaires, qu’on pouvait être femme et « en » avoir.
Peut-être, au moins, l’évocation de son souvenir, au lendemain de la commémoration du Débarquement et à la veille de celle des morts d’Indochine, alors que se rapproche dangereusement de nos oreilles le fracas de la guerre, rappellera-t-elle qu’envoyer des jeunes gens au combat n’est pas une décision qui se prend à la légère.
FOUQUET66, claude.d et Airborn28 aiment ce message
Pérignon Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Sam 8 Juin 2024 - 12:09
Les obsèques de Madame Geneviève de Galard, infirmière convoyeuse dans l’armée de l’Air et de l’Espace, héroïne de Dien Bien Phu, ont été célébrées en la cathédrale Saint-Louis des Invalides par Monseigneur Antoine de Romanet, évêque aux Armées françaises.
Un ultime hommage lui a ensuite été rendu au sein de la cour d’Honneur de l’Hôtel national des Invalides, saluant son illustre parcours et son engagement héroïque.
La cérémonie était présidée par le ministre des Armées, monsieur Sébastien Lecornu.
FOUQUET66, 51, claude.d et Airborn28 aiment ce message
claude millet Fondateur
Sujet: Au revoir et merci, Geneviève de Galard Lun 10 Juin 2024 - 15:14
Au revoir et merci, Geneviève de Galard
Je guettais l’info et ne la trouvais pas. Quand et où serait enterrée Geneviève de Galard ?
Mais quel journal est assez stupide pour parler d’une patriote comme elle ? De 99 ans ?
Même plus glamour. À notre époque woke, les patriotes n’intéressent plus.
À part quelques articles à son décès, le 30 mai. Pas un mot sur Rance 2 qui préfère nous
gaver avec les JO.
Eh bien si. Bd Voltaire l’a fait. Ouf. Mais, dit l’article, il n’y avait que deux journalistes
à ses obsèques. Deux ! Où étaient les autres ? Ils s’occupaient de ceux qu’on appelle
à tort Palestiniens ? Ou du paltoquet en Normandie ? Il est où, le temps où elle était
harcelée par les journalistes et où Hollywood lui proposait un pont d’or ?
Geneviève de Galard Terraube a eu une cérémonie d’obsèques le vendredi 7.
Aux Invalides, où elle s’était mariée en 1956 avec le colonel Jean de Heaulme de Boutsocq.
Son mari, qui a plus de cent ans, était présent à ses obsèques, transporté en fauteuil roulant par des militaires.
Son cercueil, recouvert du drapeau français, a été porté par les légionnaires.
Elle n’avait pas moins de treize décorations, nous dit Wikipédia. À faire pâlir de jalousie.
Dont la grand croix de la Légion d’honneur, qui est la plus haute de toutes les
décorations françaises et que peu de gens ont.
Il faut dire que Geneviève de Galard a toujours fait ce qu’elle a estimé être
son devoir, avec compétence et en souriant. Ses yeux bleus, sa distinction,
sa gentillesse faisaient le reste.
Infirmière puis convoyeuse de l’air de l’armée de l’Air, Geneviève de Galard
transportait les blessés de Dien Bien Phu à Hanoï. Elle atterrit le 28 mars 1954
à Dien-Bien-Phu. Elle ne doit rester que quelques heures mais l’artillerie
Viêt Minh détruit la piste et elle est bloquée.
Toute autre qu’elle se serait terrée dans un bureau, une chambre, mais pas elle.
Le commandement ne voulait plus de femme à Dien Bien Phu. Mais Geneviève
reprend du service en tant qu’infirmière à terre. Elle soigne sans relâche, jusqu’à
deux cents soldats par jour. Dans la chaleur, l’humidité, la boue.
Elle a tout juste 29 ans.
« Dans ce souterrain de toutes les détresses je fais les soins, les piqûres, les
pansements et je distribue les médicaments. Je me rends compte de l’importance
de la présence d’une femme au plus fort de la bataille. Je suis un peu la mère,
la sœur, l’amie. » dit-elle.
On finit par manquer de tout : elle brave les bombardements pour franchir les
barbelés et rapporter des médicaments, des nouvelles, du tabac.
Mais le 7 mai, après 40 jours, c’est fini. Le canon se tait. Commence la captivité,
pour 10 000 prisonniers dont seulement le quart reviendra. Geneviève de Galard
est libérée le 24 mai. Plus tard, elle rentre en France.
Puis, en juillet 1954, elle est invitée par le Congrès américain, honneur que seul
La Fayette avait reçu. Elle est reçue à la Maison Blanche par le président Eisenhower.
Défilé en décapotable, pluie de confettis. C’est un triomphe et sa légende commence.
On la surnomme « l’ange de Dien Bien Phu ». « Jamais dans le camp retranché il
n’est venu à personne l’idée de m’affubler de ce prénom éthéré. Recevoir ces honneurs
me gêne vraiment, alors que je n’ai faitque mon devoir. » dit-elle.
Elle repart quelques mois en Indochine, puis quitte l’armée en juin 1956 et se marie.
Elle devient conseillère municipale du 17e arrondissement. Puis elle rentre dans
l’ombre, et n’en ressort que lorsqu’il faut parler de Dien Bien Phu et de ceux qui y ont
donné leur vie : « j’ai voulu témoigner pour eux car ils appartiennent à notre histoire,
celle qui mérite d’être connue et enseignée. »
Geneviève de Galard mérite le Panthéon. Joséphine Baker est bien gentille,
mais qui est-elle à côté de Geneviève de Galard ?
Mais peut-être Geneviève de Galard préférerait-elle la tranquillité du petit village de
Saint-André, en Haute-Garonne, où son mari avait une propriété et où un hommage
lui a été rendu le 6 juin.
Car le Panthéon, entre vous et moi, est moins bien famé qu’avant, et Dieu seul sait
quelles seront les prochaines décisions de Manu Ier le concernant ni qui il aura l’idée
d’y inviter. Mieux vaut sans doute rester chez soi.
Au revoir Madame, et merci pour votre héroïsme. Vous êtes un modèle pour les Français
et particulièrement pour la jeunesse française.
Sophie Durand
FOUQUET66, claude.d, Airborn28 et DE GIOVANNI aiment ce message
guilhon Pro !
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Lun 10 Juin 2024 - 15:43
ce n est que trop vrai malheueusement;pauvre France!
claude.d aime ce message
Pérignon Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Lun 10 Juin 2024 - 15:56
Citation :
Discours de Monsieur Sébastien LECORNU
Ministre des Armées
Hommage national à Madame Geneviève De GALARD
Hôtel national des Invalides
Paris, le vendredi 7 juin 2024.
Mai 1954.
Sous le ciel noir de Diên Biên Phu, dans sa boue, sa moiteur et sa vase : quinze mille hommes vivent là depuis des semaines. Ils espèrent du haut de leurs collines - Eliane, Dominique, Gabrielle. Ils se battent pour un harpin de forêt, tombent, rampent, se relèvent puis repartent... quand ils le peuvent.
Car sous le ciel noir de Diên Biên Phu, bien souvent - trop souvent - les hommes meurent.
Sur ces quinze mille hommes, les obus pleuvent et les balles sifflent derrière chaque arbre. Du haut des montagnes qui les entourent, résonnent les hurlements d'un lance fusée ou le cri sourd d'un soldat qui part à l'assaut et qui se mêle avec celui d'un autre qui tombe.
Quinze mille hommes s'enlisent et s'embourbent dans cette terre d'argile qu'une pluie incessante a rendu glaise. Il leur faut sans cesse recreuser leurs tranchées, comme un océan que l'on vide, comme une cuvette qui se perce. Leurs armes s'enrayent, et dans un moment de chance, redémarrent et lancent une grêle de balles sur un ennemi qui n'en finit pas de surgir. De tomber par milliers. Et de ressurgir sans cesse.
Quinze mille hommes, et quelques femmes. Poussées par le destin jusque sur cette ligne de front pour soigner, parfois pour guérir, souvent pour tenir une dernière fois la main de ces hommes qui tombent.
Parmi elles, Geneviève de Galard, 27 ans, n'aurait pas dû être là.
Sa mission est celle des convoyeuses de l'air, qui évacuent les blessés par avion.
Plusieurs fois déjà, avec son équipage, elle s'est posée à Diên Biên Phu, pour évacuer les blessés vers Hanoï ou vers Paris.
Mais le 28 mars 1954, à l'aube, le Dakota qui l'amène endommage son moteur gauche à l'atterrissage. Dans le brouillard d'une forêt qui fume encore l'humidité de la nuit, l'artillerie Viêt Minh perce l'avion à jour, le bombarde et le détruit, ainsi que la piste aéronautique. Emprisonnant ses passagers au creux de cette plaine gorgée d'eau que l'on embrase.
Le sol de la vallée de Diên Biên Phu est devenu un marécage. Plus aucun avion ne peut ni décoller, ni atterrir.
Geneviève de Galard est prise au piège.
Comme ses quinze mille compatriotes, privés de relève, manquant de tout, de vivre, de munitions, de médicaments.
Des camarades, pourtant, continuent de se faire parachuter en renfort dans cette nasse qu'ils savent sans échappatoire.
La bataille est perdue, ils le pressentent. Cette bataille qui depuis deux mois oppose le corps expéditionnaire français aux troupes du Viet Minh, armées par la Chine communiste.
Elle est perdue, ils le devinent, cette guerre d'Indochine qui depuis neuf ans s'est faite de plus en plus frontale, de plus en plus meurtrière, et qui, à force de mauvaises décisions militaires et d'absence de vision politique, tourne à la défaite. La guerre broie dans son remous le destin de milliers d'hommes et de quelques femmes.
En France, bien peu comprennent cette guerre lointaine, beaucoup lui sont hostiles.
Et pourtant, des camarades rejoignent cette saison en enfer, librement, « pour l'honneur et pour les copains », comme le rappela Schoendoerffer dans son film magistral sur la bataille.
Ils se battent pour la République aussi, qui leur a confié cette mission et que beaucoup ont contribué à sauver, dans les combats de la France Libre ou dans ceux de la Résistance.
Ils se battent pour cette terre vietnamienne enfin, qu'ils ont aimé dans sa poésie indomptable, dans son énigme et sa distance altière, dans l'indépendance farouche de ses habitants, et l'ombre odorante des flamboyants.
Geneviève de Galard était une femme de courage, venue d'une lignée de preux.
On lui avait raconté, petite fille, qu'un Galard était aux côtés de Clovis, qu'un autre avait accompagné Jeanne d'Arc.
Elle puise dans ses racines, dans son éducation stricte et dans sa foi, le courage de tenir. Quand on demanda à Geneviève de Galard, plus tard, ce qui lui avait permis de tenir, elle répondait " Ma foi, et mon rouge à lèvres. "
Parce que cette touche de carmin était le rappel d'un hier, et d'un ailleurs.
Parce que cette foi chrétienne enracinée était l'espérance d'un lendemain.
Et parce que, dans l'élégance du désespoir, le courage se drape d'humour pour ceux qui n'ont plus rien, et qui se permettent d'en rire.
Mais devant les blessés ou les mourants, son courage se galvanise encore : Geneviève de Galard tient bon. Elle devient " l'ange " au milieu de la mêlée.
Elle défie jour et nuit la précarité dérisoire des conditions sanitaires, opérant, soignant et consolant chacun.
Elle sillonne et offre une parole de réconfort à ceux qui sont plâtrés des genoux aux aisselles, aux amputés et aux gueules cassées. Elle conserve toujours un sourire rassurant, alors que partout autour règne une tristesse innommable, indicible, insupportable.
Elle fait mieux que soigner les corps, elle panse les âmes.
Pour des dizaines d'hommes, elle était un dernier regard, un dernier sourire, une main douce et chaude qui tenait le creux de leur paume. Et quand vint leur dernier soupir, ils partaient apaisés de savoir qu'un monde rempli de tant d'horreurs, n'est jamais sans tendresse.
Lorsque Diên Biên Phu tomba, en mai 1954, après 56 jours de combat : trois mille hommes étaient morts. Les douze mille soldats français survivants furent faits prisonniers, et Geneviève de Galard, malgré son refus de les quitter, fut rapatriée en France.
Alors sa silhouette vêtue de la tenue de parachutiste a fait la une des journaux et le tour du monde.
Geneviève de Galard cessa d'être elle-même, elle devint un symbole.
Elle n'est plus qu'une femme, elle est 15 000 soldats.
La chronique de ses exploits exorcise le traumatisme de Diên Biên Phu, et son nom devient le contrepoint de ces trois syllabes sanglantes.
Elle devient l'icône des militaires qui ont rempli leur mission jusqu'au bout, même quand tout est perdu. li leur reste l'honneur d'avoir combattu, elle l'incarne.
A son retour, parmi les lettres de remerciement qui affluent par milliers se glisse une invitation du congrès et du président américain. Fêtée comme une vedette par 250 000 New-yorkais, habillée par les grands couturiers, l'héroïne de 29 ans remonte Broadway sous une pluie de confettis.
Le cœur en deuil dans les rues en liesse, elle ne pense qu'à ses camarades restés en captivité.
Elle pense à ces 12 000 Français, affamés, torturés, épuisés et malades, qui, tandis qu'elle remonte la 5e avenue, fléchissent sous les coups des soldats du Viet Minh sur des chemins de montagne, avant de tomber, un à un.
Seul un de ces Français sur quatre reviendra.
Elle pense à tous ceux pour qui Diên Biên Phu fut un dernier combat, et dont la boue avale les corps, comme la mer ceux des marins.
Leurs dépouilles gisent là-bas, enfouis sans linceul, sans stèle et sans cercueil. Parfois, un de leur copain courageux avait marqué le lieu d'une croix de bambous, sertie de leur nom, gravé dans le métal d'une boîte de conserve.
Elle pense à ce pays de cocagne, à ceux qui l'ont aimé, profondément, et qui s'en sentiront toujours un peu orphelins. Ceux qui, comme Hélie de Saint-Marc, avaient emporté dans leur paquetage « des fleurs séchées, des cicatrices amères et des rêves qui ne voulaient pas s'éteindre. »
Geneviève vivra pour eux, avec une intensité décuplée.
Elle vivra avec l'un d'eux.
Et le 14 juin 1956, les cloches de la cathédrale des Invalides sonnent pour les noces du jeune capitaine Jean de Heaulme et de Geneviève de Galard, silhouette blanche, sous l'immense voûte et sous ses étendards, qui frissonnent ce jour-là d'un vent de bonheur.
Puis les clameurs se sont tues. Les cauchemars, les insomnies, jamais totalement.
Ensemble, ils ont regagné l'anonymat et le chemin du service. Lorsque Geneviève de Heaulme clôture son journal aérien pour se consacrer à sa famille, il compte 1 500 heures de vol, dont 433 en missions de guerre.
Geneviève de Galard est revenue aux Invalides, souvent, silhouette blanche, encore, dans sa blouse de soignante.
A nouveau, elle soigne les corps meurtris de ses camarades, d'un geste sûr et par une rééducation patiente.
Après une jeunesse marquée par tant de courage, la vie de Geneviève de Heaulme continua d'être tournée vers les autres, avec la même force et la même sincérité. Elle s'engage auprès des personnes handicapées, aux côtés de ses camarades de l'association nationale des combattants de Diên Biên Phu avec lesquels elle transmettait son histoire aux plus jeunes, mais aussi pour ses concitoyens, à la mairie du XVII? arrondissement de Paris.
Mais l'engagement de sa vie fut avant tout pour sa famille : ses trois enfants, François, Véronique et Christophe, et pour ses nombreux petits-enfants.
Veillée jusqu'à son dernier souffle par Jean de Heaulme, elle eut droit, jeudi 30 mai, à son tour, à un dernier sourire avant de partir.
Geneviève de Galard est revenue aux Invalides, une dernière fois aujourd'hui, sans blancheur nuptiale, sans blancheur d'infirmière.
Drapée, cette fois, de bleu, de blanc, et de rouge.
Geneviève de Galard est décédée 70 années après la fin des combats de Diên Biên Phû. Ces 70 ans d'histoire ont apaisé les mémoires. La France et le Vietnam avancent désormais en regardant leur histoire sans jamais rien oublier, mais sans passion triste ni rancœur.
Ces 70 ans d'histoire n'ont jamais fait évaporer l'émotion de mai 1954, et les souffrances de quinze mille hommes, collés à la boue, sous une mousson d'obus.
Ils ont laissé un peu de leur âme, quelque part entre le fleuve rouge et la rivière des parfums, dans un pays qui sentait la saumure et le glaïeul, sous les nuages blancs des rizières.
Et votre âme à vous, Madame, les portait tous, vous avez écrit pour eux, pris la plume, vous les avez fait vivre en vous.
Ce sont eux aujourd'hui qui vous font cortège, dans cette grande cour des Invalides.
FOUQUET66, le 6, SF, jacky alaux, claude.d, DE GIOVANNI et marienneau jean-michel aiment ce message
le 6 Expert
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Lun 10 Juin 2024 - 18:13
Très bel hommage littéraire que le "porte plume" du ministre nous offre !
Des mots, des phrases, , des strophes choisis avec pudeur, accompagnés du charme et de la puissance de notre langue...
C'est un hommage à la hauteur de " l'ange de DBP "
Merci à Pérignon de nous l'avoir trouvé parmi le cacophonie médiatique de moment ...
claude millet, FOUQUET66, claude.d, DE GIOVANNI et marienneau jean-michel aiment ce message
Rudy Laures confirmé
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Ven 5 Juil 2024 - 16:39
Je n'avais que 14 ans mais je me rappelle très bien de Géneviève GALLARD et 4 ans plus tard je m'engageais dans les commandos de l'air Merci Madame pour votre exemple.
claude millet et FOUQUET66 aiment ce message
claude millet Fondateur
Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix. Dim 7 Juil 2024 - 15:02
Oui un bel exemple pour toi Rudy Quelques années plus tard, tu n'a pas failli dans ta conduite exemplaire durant l'épopée du putsch d'avril 1961. Un petit clin d'œil à notre camarade Jacky. Et par St MICHEL...Vive les PARAS Amitiés à tous... Et par St MICHEL!!!
FOUQUET66 et jacky alaux aiment ce message
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Sujet: Re: Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix.
Geneviève de GALARD. Adieu Madame. Reposez en paix.