ladepeche.fr Publié le 30/08/2010 11:36 | J.-P. R.
L'interprète, tête nue s'entretient avec un paysan afghan( un plastron du 3ème Rmat) et fait le relais avec le chef de patrouille en arme, prêt à toute intervention./Photo DDMJPR
«On'y part pas la fleur au fusil » La formule est du colonel Duthoit, chef de corps du 3ème Rmat qui à la tête de ses hommes rejoint l'Afghanistan début octobre ; un moment fort dans l'histoire du régiment. En effet les militaires du Matériel seront déployés sur ce territoire hostile afin de constituer l'ossature du bataillon logistique (Batlog)placé sous commandement des Nations Unies. Une telle mission, rude et éprouvante ne s'improvise pas, même si la réactivité est le propre de tout militaire. Depuis la fin de 2009, la préparation connaît une montée en puissance jusqu'au départ avec une brève interruption consacrée aux congés d'été. La mobilisation a repris le 23 août avec un stage intensif d'une quinzaine de jours au camp de Canjuers.
Puis commencera le compte à rebours pour les 136 militaires muretains motivés par une préparation intensive aucours de laquelle aucun détail n'a été négligé.
La progression a été constamment évaluée jusqu'à la « validation d'aptitude à la projection » rappelle le colonel Duthoit.
Depuis novembre 2009
En fait la mission est sur pied depuis une dizaine de mois. Le jour où le chef de corps a reçu l'ordre d'engager la procédure de formation pour cette opération.
Il a désigné les personnels ; tous ont pour la plupart une expérience d'opérations extérieures et affichent une ancienneté de plus de 18 mois.
La préparation interne au régiment où sont travaillés les fondamentaux du soldat s'est prolongée par trois semaines de manœuvres non stop - de 7 heures à 23 heures - au camp de Caylus en Tarn et Garonne du 26 avril au 14 mai.
C'est la phase collective de la préparation puisqu'y participaient les unités qui constitueront le bataillon logistique de 430 hommes placé sous les ordres du colonel Vincent Duthoit.
Les instructeurs ont également veillé à soigner la condition physique de la troupe et à préparer les organismes à résister aux conditions climatiques afghanes, rigoureuses à cette époque de l'année.
Le bataillon logistique apportera le soutien à l'ensemble des troupes terrestres françaises déployées sur le territoire afghan (maintenance des matériels, soutien logistique, convois sanitaires…)
De nombreux scénarios de situations périlleuses ont été décortiqués à Caylus.
Notamment des simulations d'embuscades contre un convoi militaire sur des routes dangereuses, de nuit comme de jour.
exercice à haute tension
Un exercice particulièrement spectaculaire a mis à l'épreuve le chef de convoi lorsqu' il s'est trouvé sur un chemin escarpé face à un véhicule afghan en panne, obstruant la circulation. Comment savoir si des insurgés avaient tendu un piège aux militaires français ? Le rôle absolu de vérité d'un interprête - un homme du 3ème Rmat rompu aux opérations en Afghanistan-a permis de corser l'affaire. Le doute sur l'honnêteté de cet interprète a rendu le face à face particulièrement tendu entre militaires et les « plastrons » plus vrais que nature dans le rôle de paysans afghans, l'air désemparé devant leur véhicule bloqué. De quel côté est cet interprète qui parle la langue du pays ? Des forces françaises qui le paient ou des insurgés ?Pas question pour les militaires , dans un premier réflexe,d'accourir au secours des hommes sans s'interroger sur la véracité de la panne. Le véhicule n'est il pas bardé d'explosifs ? Dans le même temps le chef de patrouille sait que tout convoi à l'arrêt est une cible facile. Il faut prendre vite la bonne décision… Le dilemme s'est prolongé sous l'œil attentif du colonel Duthoit et du patron de l'instruction. La solution prise a fait l'objet d' un minutieux débriefing.
Durant ces trois semaines le camp de Caylus a servi de décors à une succession de scénaris bien orchestrés ; un jeu de rôle permanent. C'est le prix à payer pour la sécurité deshommes du Batlog sur le terrain opérationnel; le terrain cette fois de la vraie guerre avec ses multiples dangers.