Les forces spéciales françaises à l’épreuve au Niger
10/01/2011 19:31
La croix.com
Une
enquête a été ouverte sur les conditions dans lesquelles les deux
jeunes Français enlevés au Niger par un groupe armé vendredi sont morts
lors de l’opération militaire menée contre leurs ravisseurs
«Nous assumons. » C’est ce que Paris a déclaré à plusieurs reprises après la poursuite lancée, vendredi et samedi, par l’armée nigérienne et l’armée française contre le groupe terroriste ayant
kidnappé Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés de 25 ans et
retrouvés morts après un accrochage. Nicolas Sarkozy et le ministre de
la défense Alain Juppé ont justifié les premiers l’intervention de
militaires français sur place.
Lundi 10 janvier, lors de la cérémonie traditionnelle des vœux à
Matignon, le premier ministre François Fillon a à son tour réaffirmé «
la détermination de la France à lutter contre le terrorisme ». Selon
lui, le rapt « était une commande d’Aqmi exécutée par des gens très
divers » et « les otages ont été éliminés froidement ». En fin
d’après-midi, il devait recevoir les parlementaires pour les informer
des mesures de sécurité prises tant dans l’Hexagone que dans cette
région du Sahel.
Parmi ces mesures, figure le dispositif militaire français. Celui-ci
a été mis en place en septembre dernier, au lendemain de la prise en
otages de sept personnes – dont cinq Français – qui travaillaient pour
Areva au Niger et qui n’ont toujours pas été libérées. Il est
essentiellement constitué de plusieurs commandos des forces spéciales,
basés à Ouagadougou, au Burkina Faso. Ces unités comprennent des
effectifs limités, mais elles sont particulièrement aguerries et
entraînées pour mener des opérations à haut risque et non
conventionnelles.
Terre, air et marirneComposées
d’hommes qui viennent des trois armées (terre, air, marine) et qui sont
également parachutistes, elles sont équipées des moyens les plus
sophistiqués et opèrent dans des délais rapides avec l’appui
d’hélicoptères et de l’aviation. Elles sont placées sous un commandement
spécifique (le commandement des opérations spéciales) et doivent agir
dans le plus grand secret avec le feu vert des autorités de l’État et du
chef d’état-major des armées.
Le week-end dernier, ce sont, semble-t-il, des éléments de l’armée
de terre qui ont été envoyés au Niger. Par ailleurs, durant toute la
durée de l’opération, le groupe terroriste a pu être localisé depuis les
airs grâce au système d’observation d’un Atlantique-2 français. Ce type
d’avion de fabrication française, qui est utilisé par la marine
nationale, a été mis en service en 1990. Deux exemplaires se trouvent
positionnés au Niger depuis septembre.
La confidentialité étant un impératif pour les forces spéciales
françaises, il n’est pas étonnant que peu de précisions soient données
sur les modalités de leur intervention du week-end dernier. On peut
toutefois dire qu’elles sont entrées en action, à la demande de Niamey,
alors que le groupe terroriste, poursuivi par l’armée nigérienne et
ayant sans doute reçu le renfort de groupes amis, entrait dans sa zone
refuge à l’approche du Mali.
"C'était le bon moment"«
L’objectif était de libérer les deux otages et c’était le bon moment »,
fait-on savoir de source proche du commandement militaire français.
L’accrochage a donné lieu à un échange de tirs violents et nourris.
Plusieurs terroristes auraient été tués et quelques-uns capturés. Les
deux otages auraient été exécutés par leurs ravisseurs peu avant : des
officiers de police judiciaire ont été dépêchés lundi par Paris pour
faire la lumière sur les conditions du drame.
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Antoine FOUCHET |