Marine Le Pen : "Si j'étais présidente..."
Cet entretien figure dans le numéro de cette semaine de Paris-Match.
Il a été réalisé par Mariana Grépinet.
Référendum sur la peine de mort, suppression du droit du sol,
moratoire sur l’immigration, Marine Le Pen en pleine ascension dans
les sondages, nous a détaillé ses projets si elle devenait chef de
l’État. Tout un programme !
PM : Chef de l’État, quelles mesures prendriez vous immédiatement ?
MLP : Je fermerais les frontières. Je ferais un moratoire sur l’immigration.
Puisque nous avons 5 millions de chômeurs, il n’y a aucune raison
d’importer des chômeurs supplémentaires. Je mettrais en place une
politique dissuasive d’immigration, c’est-à-dire que je lancerais un signal
très clair aux étrangers. Nous n’avons plus les moyens de prendre en
charge pour eux l’éducation, les soins, les allocations familiales… Je
changerais le code de la nationalité pour supprimer le droit du sol. La
nationalité française s’hérite ou se mérite. J’appliquerais aussi les lois en
matière de déchéance de la nationalité. Ceux à qui nous avons eu la
générosité d’accorder la nationalité française doivent pouvoir la perdre s’ils
ne respectent aucune des règles de notre pays. Je rétablirais ce que
Nicolas Sarkozy a appelé fallacieusement «la double peine». Un étranger
qui a commis un crime ou un délit pourrait être renvoyé dans son pays.
PM : François Fillon a récemment inauguré une mosquée à
Argenteuil. Que feriez-vous?
MLP : Il faut une laïcité ferme, saine et juste. Les mosquées ne doivent pas
être financées avec des fonds publics. J’interdirais aussi les financements
étrangers. Les lieux de culte doivent être financés par les fidèles. Je
chasserai de l’école toute revendication communautariste ou religieuse, et
je bannirais ces revendications en inscrivant, dans la Constitution, que la
République ne reconnaît aucune communauté.
PM : Vous prôneriez un retour au protectionnisme…
MLP : J’appelle cela le patriotisme économique. Je suis pour une taxe aux
frontières, qui financerait en partie les retraites et permettrait de lutter
contre la concurrence déloyale que représente l’importation de produits
issus de pays qui n’ont pas les mêmes charges ni les mêmes règles que
nous. Mais surtout, je ferais des économies. Il faut lutter contre la fraude
sociale. Et puis, il y a le coût de l’immigration qui se chiffre en dizaines de
milliards d’euros par an.
PM : Que feriez-vous pour relancer la croissance ?
MLP : Il faut retrouver la maîtrise de notre monnaie. L’euro est condamné.
Il faut mettre en place une « déprivatisation » de l’argent public et rétablir la
Banque de France dans sa capacité de financer l’État. Une des choses qui
nous ruine, c’est le recours aux emprunts auprès des marchés financiers
internationaux.
PM : Parmi les sympathisants frontistes, les ouvriers et employés
vous plébiscitent. Que feriez-vous pour eux ?
MLP : Ils bénéficieront du rétablissement des frontières, puisque 64 % des
emplois industriels ont disparu en dix ans à cause de la concurrence
internationale.
PM : Face à ceux que vous appelez les « banksters », quelles mesures
mettriez-vous en place ?
MLP : Il faut taxer la spéculation, revenir à la finance à la française.
L’entreprise doit pouvoir s’appuyer sur un capital qui ne soit pas spéculatif.
Lorsque vous achèterez des actions, si vous les revendez le lendemain,
vous paierez tellement d’impôts que ça n’aura plus d’intérêt. Plus vous
conserverez longtemps vos actions, moins vous paierez d’impôts.
PM : Que proposeriez-vous contre les violences dans les banlieues ?
MLP : Il faut revoir de fond en comble la politique contre l’insécurité.
Premièrement, on manque de places de prison, ce qui fait que notre
système carcéral est une véritable honte. En attendant la construction de
nouvelles prisons, je transformerais les hôpitaux et les casernes, que l’État
est en train de vendre, en centres carcéraux, éventuellement ouverts.
Deuxièmement, je donnerais des instructions pour que les peines
prononcées soient à la hauteur des méfaits commis. Il y a un effondrement
de l’échelle des peines qui fait que la sanction n’est plus crainte.
J’imposerais la perpétuité réelle et définitive, et organiserais un référendum
sur la peine de mort. Enfin, je protégerais la police et je lui donnerais des
moyens pour remettre de l’ordre dans notre pays. Il faut aller dans les
banlieues mettre les caïds hors de nuire. Je ferais voter la présomption de
légitime défense pour les forces de police. Parce qu’un État dans lequel les
policiers ne peuvent plus se défendre est un État qui n’a plus qu’à tirer
l’échelle. Un État qui a peur est un État qui est mort.