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 Putschistes ou non, le sentiment d’avoir été trahis

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Philippe MULLER
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Philippe MULLER



Putschistes ou non, le sentiment d’avoir été trahis Empty
MessageSujet: Putschistes ou non, le sentiment d’avoir été trahis   Putschistes ou non, le sentiment d’avoir été trahis EmptyVen 15 Avr 2011 - 21:12

la-croix.com 15/04/2011 12:33 :

Citation :

Lieutenants durant la guerre d’Algérie, ils ont approuvé, sinon soutenu, le putsch. De ce conflit ils gardent une marque indélébile

Si le traumatisme causé par la guerre d’Algérie chez de nombreux appelés est connu, le choc qu’elle a pu produire sur les militaires de carrière, notamment chez les jeunes officiers, est moins bien appréhendé. Il fut pourtant réel, comme en témoignent des généraux aujourd’hui à la retraite. Ils en gardent une marque indélébile, putschistes ou non.

Putschiste fut cet ancien lieutenant d’une unité des commandos de l’air de la région algéroise, qui tient à conserver l’anonymat. Aussitôt la tentative de putsch avortée, les commandos de l’air, qui s’étaient illustrés dans les opérations musclées de sécurisation, furent dissous et leurs cadres mis aux arrêts plusieurs semaines en métropole. Avant, pour les plus gradés, d’être traduits devant la Cour de sûreté de l’État.

Quelques officiers prirent les devants en démissionnant. Lui a fait trente jours de forteresse et ne s’en est pas trop mal tiré. Grâce à une solidarité confraternelle, il a été réintégré et a terminé à un poste honorable. Pour autant, il en garde gros sur le cœur.

"Nous n'avions pas confiance en de Gaulle"
« Nous avions gagné sur le terrain. Il n’y avait plus beaucoup de rebelles. Nous avions été engagés au nom de l’Algérie française. Et il fallait le renier ! Sur les près de cinq ans de mon séjour, les commandos de l’air avaient eu 20 morts et 80 blessés. Nous n’avions pas confiance en de Gaulle, car il n’avait pas vraiment pris position en arrivant au pouvoir. »

Les interventions coup de poing contre les rebelles n’étaient, en revanche, pas du goût du lieutenant Jean Cot, qui fut par la suite, comme général, à la tête de la Forpronu en Bosnie en 1993-1994. Ces opérations anti-FLN avaient, selon lui, pour conséquence de rendre ce mouvement toujours plus populaire.

Jean Cot croyait davantage en une présence du contingent dans le pays profond avec des missions de contrôle et d’aide aux populations. Pour cette raison il avait voulu œuvrer, avec une compagnie d’appelés, près de la frontière tunisienne.

"Nous nous sentions trahis par les politiques"
Dans son esprit, les putschistes se rangeaient plutôt parmi les tenants de la répression. Cela ne l’a pas empêché d’avoir été sensible à leur « ras-le-bol ». Pour la raison que « le “je vous ai compris” de De Gaulle ne se traduisait pas dans les actes, bien au contraire ».

Le lieutenant Pierre de Percin, aujourd’hui général du cadre de réserve faisant partie du conseil d’administration de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, pensait de même alors qu’il commandait une compagnie dans un régiment de tirailleurs musulmans, entre Oranie et Algérois.

Compte tenu de l’origine de ses soldats, il n’était pas question que son régiment rallie la fronde qui « ne paraissait pas raisonnable » des quatre généraux. « Mais, sentimentalement, j’étais pour, reconnaît-il. D’une certaine façon, le putsch était un sursaut qui a sauvé l’honneur de l’armée. Nous nous sentions trahis par les politiques. »

Le plus dur a été après le putsch
À l’instar de nombreux jeunes officiers professionnels, le lieutenant François Meyer aura passé au moins quarante-huit mois en Algérie. Lui aussi était dans un régiment de musulmans (le 23e spahis), près de Saïda. « Au bout de deux mois, je n’ai plus cru à l’Algérie française, compte tenu des réalités sociologiques que je découvrais. J’ai été libéré par le discours de De Gaulle sur l’autodétermination du 16 septembre 1959. Et, lorsque le putsch est survenu, les carottes étaient cuites. »

En fait, pour chacun de ces futurs généraux, le plus dur a été après le putsch, avec « un départ précipité d’Algérie dans la honte notamment de l’abandon criminel des harkis ». Une injustice que François Meyer s’est attaché à réparer en organisant, malgré l’ordre contraire du gouvernement, le rapatriement en métropole de familles de harkis et en ne cessant depuis de s’occuper d’elles.
Antoine FOUCHET

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