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| La Grande Muette affiche son malaise | |
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Philippe MULLER Expert
| Sujet: La Grande Muette affiche son malaise Dim 24 Avr 2011 - 23:05 | |
| parismatch.com actu-match | Dimanche 24 Avril 2011 : - Citation :
Le ministre de la Défense Gérard Longuet en visite à la base aérienne de Souda, en Crète, le 30 mars. | Photo Reuters
Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire, l’armée française est sur plusieurs fronts, mais la France a-t-elle les moyens de cette politique ?
Par Caroline Fontaine - Paris Match «L’objectif en Libye était de créer un effet de choc, confie le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées. Cela n’a pas été suffisant.» Avant même le lancement de l'opération, les militaires avaient «rappelé en haut lieu que sans troupes au sol l’engagement aérien ne permettait pas de gagner», assure un colonel sous couvert d'anonymat. Pour l'instant, les faits leur donnent raison. Depuis déjà un mois, la guerre se prolonge dans d'inquiétants mouvements d'essuie-glaces: à une avancée succède un repli puis une avancée… «Le coût des opérations est lié à celui des munitions», détaille Laurent Teisseire, porte-parole du ministère. Celles-ci sont chères: au moins une dizaine de missiles SCALP ont été tiré au prix unitaire d'environ un million d'euros.
Au total la facture dépasserait les 40 millions d'euros. Il faut ajouter les primes pour les soldats en opération, le fioul, les frais liés au maintien du porte-avions – deux fois plus cher qu’une mission à terre. Pour les opérations extérieures de 2011, 630 millions d’euros avaient été budgétés. Déjà, Gérard Longuet, le ministre de la Défense, avance une somme nécessaire de 900 millions d’euros. «Le surcoût sera pris dans la réserve interministérielle, explique Patricia Adam, vice-présidente de la commission Défense à l’Assemblée. Autant d'argent qui n'ira pas ailleurs…» Le général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques, ajoute: «Cette guerre ne coûte pas très cher pour quelqu’un de riche, mais pour un pays qui tire le diable par la queue ce n'est pas pareil! Il faudra faire des choix sinon les armées ne pourront pas tenir leurs engagements.» 54 000 postes supprimés d'ici à 2015
Les opérations en Libye marquent le dernier soubresaut d’un malaise plus profond, d'une armée inquiète pour ses moyens. Dans un contexte tendu, la France s'est engagée pour la première fois sur trois fronts: Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire, auxquels il faut ajouter la lutte contre la piraterie. Or, l’armée subit une diète sans précédent: d’ici à 2015, 54 000 postes seront supprimés (sur 320 000), 82 grosses unités fermées et 47 autres transférées, pour dégager, selon Laurent Teisseire: «1,6 milliard d'économie par an sur les coûts de fonctionnement afin d'investir dans les équipements.» Et éviter l’arrêt de programmes militaires qui, pour certains, sont déjà en sommeil.
Certains le sont déjà. En octobre, les rapporteurs de la commission de la Défense s’alarmaient que 2011 soit l’année de la «rupture» pour l’armée de l’Air et prévoyaient pour la Marine que «tout aléa matériel (panne) ou opérationnel (mission non programmée) nécessitera d’annuler une mission ou de revoir à la baisse le niveau d’entraînement». Quant à l’armée de Terre, certaines unités ne disposent plus des équipements pour s’entraîner. «C’est tendu, mais nous n’avons pas d’inquiétudes structurelles, tempère Laurent Teisseire. Dans quelques années, les gains des restructurations joueront à plein.»
Reste un dernier point, top secret à la Défense. Pour réduire le déficit public, le ministère a été mis à contribution à hauteur de 3,5 milliards d’euros. Le projet de loi de finances 2011-2013 prévoit désormais 3,3 milliards de recettes exceptionnelles – grâce à des cessions d’actifs immobiliers et des fréquences hertziennes. «Ces sommes sont hypothétiques», s'inquiète Guy Teissier, président de la commission de la Défense. En 2009, déjà, le ministère n’avait obtenu que 425 millions d’euros des 1 637 millions escomptés en recettes exceptionnelles. Et M. Teisseire d’ajouter: «Pour compenser il faudra augmenter le budget, car il n’y a plus de gras. Sinon on va vers une chute qualitative.» Le socialiste Bernard Cazeneuve complète: «Les chiffres ne sont pas sérieux. Cette opération d’enfumage décuple le malaise des militaires: leur sacrifice pour améliorer leurs équipements n'est pas récompensé. Le ministère réalise que la réforme ne permet pas de faire rentrer l’édredon dans la valise. Alors on inscrit des recettes aléatoires et on repousse la poussière sous le tapis en attendant 2012.» Mais jusqu'ici tout va bien… Point final | |
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