8.04.2011
Conjuration d’une éternelle malédiction : La France doit quitter le Tchad ! Cinquante années après son accession officielle à la souveraineté internationale, le Tchad demeure à ce jour un pays arriéré, occupé, vassalisé, on pourrait même dire maudit. Si d’aucuns, certes beaucoup plus à raison qu’à tort, pourraient expliquer cette situation à travers la conséquence logique d’une gouvernance à tout le moins furieuse – surtout ces vingt dernières années - de ce pays qui n’a jamais demandé qu’à se développer dans la paix et la sérénité, il n’en demeure pas moins - preuves irréfutables à l’appui - que la France est la mère de tous les problèmes du Tchad. Et pour cette raison, ce pays doit quitter le Tchad. En emportant armes, bagages et troupes.
Un demi-siècle de présence nocive et de rapports incestueux, sur fond de criminelles actions, ça commence à bien faire…On aura beau faire abstraction des multiples et innombrables implications de la
"douce" France dans la ruine de la nation Tchadienne depuis 1960, le pillage organisé de ses richesses et la cascade de diktats imposés à son pauvre peuple martyrisé, ce qui demeure le plus insupportable – voire le plus diabolique – est le maintien sur un territoire soi-disant souverain d’une base militaire appelée
Opération Epervier", dont la logique, unique et irréductible, est d’assurer la sécurité et la survie du régime totalitaire du général d’opérette Idriss Deby, petit-fils d’Itno.
Un général de pacotille dont on sait tout de l’implication totale de la France – bien entendu en connivence avec la Libye de Kadhafi -, à l’époque dirigée par François Mitterrand, dans sa prise de pouvoir.
C’est la France - c’est connu - qui avait armé, financé et soutenu le groupuscule dirigé par Idriss Deby, venu du Soudan, pour renverser le régime de Hissein Habré dont le tombeur avait été – pourtant - pendant longtemps le sanguinaire chef d’état major de l’Armée.
De cette époque, les Tchadiens n’ont rien oublié des atrocités, règlements de comptes et autres horreurs perpétrés par le lieutenant-colonel Deby.
Un lieutenant-colonel – très rapidement auto proclamé général d’armée – dont l’arrivée au pouvoir a ouvert – depuis exactement vingt ans - la page la plus sombre de l’histoire du Tchad, consacrant ainsi la victoire de la vaniteuse France sur un peuple Tchadien qui ne lui a, en réalité, jamais rien fait de mal.
La France de Jacques René Chirac allait, à la suite de celle de Mitterrand, perpétuer la bonne vieille tradition de haine gratuite que la patrie de Foccart n’a jamais cessé de vouer au pauvre peuple Tchadien. Une véritable haine froide qui est ficelée depuis exactement cinquante ans par de prétendus
« accords de défense » qui ne sont rien d’autre qu’un vilain
deal – fait de conventions[/color][/color] écrites et serrées par d’autres non écrites – permettant aux soldats français …entre autre
« de porter l’uniforme de l’armée Tchadienne », et même de « participer totalement aux opérations de maintien de l’ordre et de sécurité »En clair, depuis l’aube de l’indépendance, la France s’est arrangée à toujours régenter le cours du quotidien du Tchad. Une situation qui avait pris sa forme définitive dès 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, à travers un véritable pacte par lequel les deux pays s’étaient unis pour le pire en remplaçant
l'Accord de Défense signé un certain 15 Août 1960 par un
Accord de coopération militaire technique (mais aussi pour le besoin de la ‘’cause’’ taillé sur mesure pour pérenniser davantage sa présence, cet accord a été tripatouillé : un
protocole additionnel est signé en 1990 !) qui affichait son
« vrai visage » dans son article 4, celui définissant le cadre d'intervention des forces Françaises au Tchad:
Un article aussi apparemment simple, mais en réalité bien fumeux qui stipule clairement et froidement
: « Les personnels militaires français servent dans les forces armées tchadiennes avec leur grade. Ils revêtent l'uniforme tchadien ou la tenue civile suivant les instructions de l'autorité militaire tchadienne. (…) Ils ne peuvent en aucun cas participer directement à l'exécution d'opérations de guerre, ni de maintien ou de rétablissement de l'ordre ou de la légalité. »Théoriquement, cette clause écrite noir sur blanc laisse dire que les soldats français de la
coopération militaire n'ont pas le droit de tirer une seule balle au Tchad. Mais dans les faits, et selon la réalité du terrain, il suffit que ces soldats –
vêtus de l’uniforme Tchadien - soient en dehors de ce cadre de coopération pour jouer un rôle autrement plus… actif.
Cela a été vérifiable au mois d’Avril 2006 quand, non contents de livrer toutes les positions des assaillants de la rébellion en temps réel grâce à des satellites et des avions espions, et même de les mitrailler avec leurs avions, les soldats Français, avaient copieusement participé aux combats en utilisant des armes de longue portée.
Affublés de leurs tenues de "l’Armée Tchadienne", il aura été difficile de les distinguer des troufions de Deby – surtout les martiniquais et les antillais - au petit matin du 13 avril quand leur appui logistique et militaire avait mis en déroute les colonnes de la résistance (FUC) qui n’avaient encore jamais été si proches de N’djamena.
Le même scénario allait se répéter en février 2008 - sous l’actuel président français Nicolas Sarkozy - avec cette fois-ci, des soldats Français intervenus à visage carrément découvert, pour sauver le soldat Deby, alors que les forces de la Résistance (CMU), portées par les
« hourras » de tout un peuple, avaient mis la milice de Deby en débandade, et réduit alors - comme cela ne lui était encore arrivé - le dictateur à se terrer dans son bunker du Palais Rose comme un rat en attendant une fin inexorable.
Il s’en sortit pourtant, grâce à l’intervention directe des troupes spéciales du
« C.O.S » - sur ordre de Sarkozy - et au grand dam des Tchadiens qui n’ont plus eu que leurs yeux pour pleurer.
Autant de faits qui prouvent sans l’ombre d’un seul doute que les Accords de Défense des années 70 n'ont rien changé à la conception Foccaro-Gaulliste de l'Afrique. Car en réalité – et dans le cadre des clauses non écrites- les accords de coopération Militaire entre la France et le Tchad ont fini par donner vie à un tortueux dispositif ad hoc baptisé DAMI – Détachement d'Assistance Militaire et d'Instruction – dont le rôle est de
« gérer » les situations de crise sous la supervision directe … du chef de l’Etat français.
Les DAMI constitués de commandos des forces spéciales - très souvent le 1er et 8e RPIMa - et exceptionnellement le fulgurant et redoutable
Commando des Opérations Spéciales (COS), se sont affirmés, au Tchad depuis les dix dernières années, comme de formidables unités de renseignement et de protection du pouvoir en place.
Bien installés à tous les niveaux de la hiérarchie de « l’Armée Tchadienne », les conseillers DAMI constituent une chaîne de commandement parallèle à la hiérarchie officielle. Ce qui permet à la France de maintenir au pouvoir - ou de changer- les dirigeants de son choix. C’est sous l’activisme vicieux et pernicieux, avec en toile de fond les sous marines actions de la DGSE - services secrets Français - que Hissein Habré a été renversé en faveur d’Idriss Deby avec la complicité directe de la Libye par un important soutien militaire.
Ainsi, ceux qui sont dans les secrets des dieux savent bien que c’est sous la protection d’un DAMI, composé des légionnaires du 1er RPIMa, soutenu, pour plus d’efficacité, par les super commandos du COS qui se sont téléportés à N’djamena en 2008 quand la rébellion était déjà aux portes du Palais rose, que Deby a été sauvé
in extremis.
Au regard de tous ces rendez-vous manqués du peuple Tchadien avec sa libération, qui sont autant d’échecs causés par la cynique politique Française de soutien des régimes impopulaires et totalitaires, en Afrique en général et au Tchad en particulier, il se dégage une constatation qu’aucun homme de bon sens ne saurait contester : la France et le régime MPS qui causent tant de malheurs au Tchad ne forment - ou ne font - qu’une seule et même entité, comme les deux faces d’une même
médaille. Ils sont indissociables, et ce malgré les déclarations itératives d’amitié du peuple Tchadien à l’endroit du peuple Français.
Aussi devient-il constant que seul le départ de la France (la France dirigeante et son armée l’occupation s’entend) du Tchad constituera la seule garantie du salut de ce pays.
On ne le dira en fait jamais assez : pour le peuple Tchadien, assujetti et écrasé par un dictateur soutenu à bout de bras par la France, le départ des troupes françaises du Tchad constituera à lui seul un extraordinaire soulagement, puisque sous Deby - plus que sous tous ses prédécesseurs - la présence de cette Armée étrange et étrangère à N’djamena, Abéché, et aux quatre coins du Tchad n’est rien d’autre qu’une sorte d’assurance - vie pour le dictateur, et n’a jamais servi depuis vingt ans qu’à inhiber, par la force, l'expression de la volonté populaire.
Au-delà du sophisme de la rhétorique diplomatique française qui justifie la présence de cette Armée au cœur de l’Afrique à travers des termes tels que
« accords de défense », « accord de coopération militaire technique » ou encore
« liens de sang », y en a marre : la France doit partir du Tchad. Et le plus tôt sera le mieux. Mais quoi qu’il en soit, ces militaires partiront un jour.
Par
A.K | Ndjamena-matin