Il n'était pas en dotation dans les TAP mais fait parti de notre patrimoine militaire.
Le 75, roi des batailles.
Bien avant l’heure, le canon de 75 Mle 1897 représentait un système d’armes comprenant la pièce proprement dite et son environnement. Car en plus du canon, on trouve une voiture caisson avec sa dotation d’obus explosifs, à balles ou mixtes, un chariot de batterie pour matériel de 75, une forge modèle 1876, un chariot-fourragère modèle 1900, un fourgon modèle 1887 qui transporte un nombreux matériel dont une pompe portative de batterie ou un appareil « microtéléphonique » modèle 1908.
Conçu par deux officiers d’artillerie, Deport et Sainte-Claire Deville, le canon de 75 Mle 1897 est révolutionnaire pour son époque. Au début du siècle il entame une brillante carrière qui courra sur deux guerres mondiales et le fera entrer dans l’histoire.
La pièce proprement dite peut être décomposée en trois parties principales, chacune ayant bénéficiée d’innovations techniques secrètes qui lui assurèrent la supériorité sur le 77 allemand.
Le canon et la culasse :
Le tube est en acier renforcé par un long manchon serré à froid. Sa longueur est de 2,475 mètres. Le bloc culasse à vis excentrée garantit une grande rapidité de chargement et la mise à feu s’effectue par un marteau logé dans la vis de culasse et déclenchée par une poignée extérieure qu’actionne le servant.
Le frein hydropneumatique :
Il constitue la véritable nouveauté de ce canon. Il absorbe le recul et permet de maintenir la pièce en batterie sans dépointage, d’ou une grande cadence de tir qui brisera bien souvent les assauts ennemis loin des tranchées françaises ou alliées.
Le système de pointage :
Fixé sur le berceau il comprend une vis de pointage en hauteur et un appareil de visée qui permettent un tir masqué selon les indications d’un observateur d’artillerie
En ordre de marche avec ses servants, la pièce représente une charge de 1900 kg : en batterie, 1100 kg. Sa portée est de 6700 mètres en tir fusant de shrapnels (charge de 300 balles) et il lance des obus explosifs à 8500 mètres. Pour un pointage sur une cible d’un mètre de haut, ces munitions présentent une zone dangereuse de 41 mètres à 1000 mètres et e 7,6 mètres à 3000 mètres. Les servants de la pièce sont protégés des éclats du champ de bataille par un bouclier d’acier de 3mm d’épaisseur.
Et le lieutenant-colonel Beyel de conclure dans l’illustration de 11 décembre 1914 : Grâce au canon de 75, une batterie française de 4 pièces bat plus rapidement un espace plus grand que la batterie allemande de 6 canons. Or nous avons 30 batteries par corps d’armée contre 24 aux allemands.
Avant 1914 deux défauts furent soulevés :
- Son peu d’aptitude à effectuer des tirs plongeants;
- Son manque de débattement latéral.
Pour permettre au 75 de tirer avec une trajectoire plongeante, on adopta avant 1914, le fameux système des plaquettes qui, fixées sue la pointe du projectile, « cassaient » sa trajectoire tendue. Cette dernière se révéla particulièrement intéressante pour le tir contre des engins blindés avec l’obus de rupture Mle 1910 à 570 mètres de vitesse initiale.
En 1914, l’armée française possédait 4800 canons de 75, chiffre porté à 5484 en 1918. Le canon de 75 fut largement exporté, y compris aux États Unis qui l’utilisèrent comme matériel standard jusqu’en 1941.
Le tube du 75 fut utilisé pour les pièces antiaériennes, pour les armements de la marine, par l’artillerie de forteresse. Vers 1930, on chercha à lui donner une meilleure mobilité en lui adaptant un train rouleur pour les batteries d’artillerie tractées, ce qui permettait d’atteindre une vitesse instantanée de 30 km/h
En 1933, un affût biflèche à grand champ de tir horizontal fut adopté qui prit la désignation de 75 mm Mle 97/33
A partir de 1935, on adapta un train à pneumatiques avec des chambres increvables pour les batteries tractées tout terrain des grandes unités mécanisées ou motorisées. Cette modification permettait au 75 d’atteindre la vitesse instantanée de 40 km/h.
En 1940, leur nombre était de 4500 et le 75 Mle 97 transformé ou non, formait l’ossature des artilleries divisionnaires avec un nombre important de batteries en réserve générale, tractées ou portées. Pendant les combats de mai-juin 1940, les 75 furent très souvent utilisés en antichars, rôle dans lequel ils se révélèrent redoutables.
Les allemands capturèrent un nombre important de 75 qu’ils utilisèrent en l’état ou transformèrent en pièces antichars ou de défense côtière.
Le 75 resta en service même après 1945 dans sa version à pneumatiques et les derniers exemplaires de l’armée française furent utilisés lors des opérations de la guerre d’Algérie.
75 Mle 1897
Mle 1897 sur pneumatiques
Mle 1897/33 avec le bi flèche remplaçant la beche d'ancrage
Les prochains posts ce sera du matériel plus moderne...