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| Lettre du front afghan …au Maire de mon village français | |
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Philippe MULLER Expert
| Sujet: Lettre du front afghan …au Maire de mon village français Jeu 23 Juin 2011 - 21:34 | |
| SOURCE = ASSOCIATION SOUTIEN À L'ARMÉE FRANÇAISE Jeudi, 23 Juin 2011 18:12 alt [quote] ]Le LCL Sevaistre décrit en quelques mots plein d'humanité leur vie au quotidien. Cette lettre nous montre un aspect un peu différent de ce que peuvent rapporter les infos (le peu qu'il y a) sur le sujet. En effet, la mission de nos soldats, sur le terrain quasiment tous les jours, n'est pas des plus faciles mais le côté humain n'en est pas oublié pour autant et mérite que l'on s'y attarde un peu. « Je suis l'un de vos administrés depuis plusieurs années et habite à Charbonnières dans les Hautinières. Après de longues conversations avec mon voisin, j'ai cru bon de vous adresser cette courte lettre. Mon but est de donner un éclairage de l'intérieur sur l'incroyable travail de nos forces en Afghanistan, travail considérable qui est souvent occulté par les querelles politiques, certes indispensables, mais qui n'ont aucun sens pour ceux qui sont sur le terrain.
Avant de dire ce que je vois, il importe de dire qui je suis. Donc, je suis Lieutenant Colonel, c'est mon deuxième séjour en deux ans, dans ce pays difficile et tourmenté pourtant si attachant. Au sein de l'état-major en Kapisa, je suis chargé de conduire des projets de développement pour convaincre la population que nous ne sommes pas des occupants, mais surtout, à travers ceux-ci, contribuer à la crédibilisation des institutions gouvernementales et locales.
Mon travail a l'avantage de me mettre en contact direct avec la population, ce qui dans les faits est très relatif pour des raisons de sécurité. Les ONG, les agences de l'ONU, l'armée et la police Afghane comme nous même ne pouvons pas envisager de nous déplacer librement. Cela est trop dangereux.
Nos unités sont régulièrement victimes des lâches mines improvisées. Bricolées avec des mélanges d'engrais et des téléphones portables, elles tuent aveuglément, nos soldats certes, mais aussi des enfants qui les ont découvertes ou pire encore qui les posent.
L'image de la femme cachée sous sa burqa bleue n'est pas une image d'Epinal.
Il n'est pas envisageable qu'une femme sorte de sa « qala » à découvert. La « qala », c'est la maison locale, deux ou trois grandes pièces adossées à un mur et une grande cour avec un potager et quelques arbres fruitiers, le mur d'enceinte fait au moins quatre mètres de haut, il est en terre crue.
Pour les riches, un puits, pour les autres, l'eau est puisée à la Kareze), c'est une source aménagée qu'on est allé chercher dans la montagne par une galerie dans laquelle les combattants avaient pris l'habitude de se cacher à l'époque soviétique. Elles ont été systématiquement détruites.
Ici, la femme est taboue, hors de sa qala, elle n'existe pas. Sa burqa la protège et la dissimule. Les insurgés maintenant utilisent ce vêtement, même pour dissimuler leurs morts, pour ensuite nous accuser d'avoir tué des civils. Nous avons des équipes féminines pour fouiller les femmes et l'une de ces filles me racontait que fréquemment les femmes « s'oubliaient » pendant les fouilles, en signe de protestation.
Mais le pire n'est pas là, les insurgés s'entourent d'enfants pour nous tirer dessus. Ils espèrent ainsi que notre riposte en tuera, ils pourront ainsi « exploiter » l'événement.
Et nos soldats sont des héros, combien se sont fait tirer dessus sans riposter ? Combien ont exposé leur vie pour ne pas risquer celles d'enfants inconnus ? Je suis admiratif de la qualité de ces jeunes, de ourleur maturité, de leur responsabilité devant l'adversité. Partageant leur vie quotidienne, ils m'étonnent chaque jour. Je comprends maintenant ce que veut dire « frère d'arme ». Ce n'est pas un vain mot mais une réalité. On surprend chez eux des gestes de délicatesse qu'on ne soupçonnerait pas.
La vie, ici, est dure, nous sortons lourdement chargés, entre nos effets de protection, notre ration indispensable d'eau, nos armes et nos munitions. Ce sont des charges de 30 ou 40 kilos, même plus pour certains avec une température de 35 degrés.
Ils avancent ensemble, serrent les dents, mais surtout se serrent les coudes, ils savent que chacun peut compter sur l'autre mais ne laissent jamais leur part de labeur. Cela se traduit par une courtoisie entre eux, souvent touchante parce qu'elle ne vient pas d'une quelconque éducation ou formation mais de souffrances partagées.
Leurs cadres ne sont pas en reste, à peine plus âgés, ils ont une responsabilité écrasante. Ils sont formés pour cela dans nos écoles, me dira t'on, mais cela ne suffit pas. Sans démagogie, avec fermeté et surtout avec bienveillance ils veillent sur chacun de ceux qui leur sont confiés. Je n'ai pas encore rencontré de « professionnel » froid, de « technicien du combat » tous ont des états d'âme mais tous savent les taire parce que dans le combat qu'on leur demande de mener, ils savent que leur hésitation peut coûter des vies, françaises ou Afghanes peu importe.
Je ne voudrais pas que les débats politiques, aussi indispensables soient-ils, masquent cette réalité du quotidien que je vis parmi les jeunes de la brigade parachutiste.
Ici, les joies sont simples. D'où que l'on vienne, de quelque banlieue, qu'elle soit d'Est ou d'Ouest, une douche au retour de l' « opé », une bière partagée pour finir la soirée, et ce sera une bonne journée. »
Leutenant colonel Sevaistre
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| | | SF Expert
| Sujet: Re: Lettre du front afghan …au Maire de mon village français Sam 25 Juin 2011 - 21:54 | |
| Merci Philippe !
Un témoignage, peut-être pas "politiquement correct", mais révélateur des conditions de vies de nos Soldats dans un pays hostile.
Le décès d'un 63e en est la preuve ! Nous pouvons, nous devons être fiers d'eux, de leur travail... Leur apporter notre soutien est le moins que nous puissions faire. | |
| | | vigan confirmé
| Sujet: Re: Lettre du front afghan …au Maire de mon village français Mer 3 Aoû 2011 - 12:06 | |
| - Citation :
- Ici, les joies sont simples. D'où que l'on vienne, de quelque banlieue, qu'elle soit d'Est ou d'Ouest, une douche au retour de l' « opé », une bière partagée pour finir la soirée, et ce sera une bonne journée. »
Merci mon colonel | |
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