Actualités » Grand Sud » Ariège
Pamiers. 2013 est l'année des Rapaces
Publié le 31/12/2013 à 08:06
Pamiers. 2013 est l'année des Rapaces
Dans le rétroviseur de 2013, le 1er Régiment de chasseurs parachutistes a été l’acteur principal d’une actualité exceptionnelle à plus d’un titre. Passage en revue des événements forts du régiment d’élite, avec son chef de corps, le colonel Bruno Helluy.
2013 restera pour le 1er RCP une année exceptionnelle à plus d’un titre. Sur le théâtre des opérations d’abord, avec l’engagement dès janvier de deux compagnies dans l’opération SERVAL au Mali où tomba sous le feu de l’ennemi le caporal-chef Cédric Charenton. Le deuil qui toucha une seconde fois les Rapaces et la 4e compagnie, le 15 octobre dernier au Gabon, avec le décès suite à une rixe du caporal Christopher Donald. Mais l’année 2013 connut aussi des moments de joie et d’émotion partagées avec la population appaméenne. C’était en juin avec la célébration mémorable du 70e anniversaire de ce régiment d’élite présidée par le général d’armée Ract-Madoux, chef d’état-major de l’armée de Terre. Le 23 octobre fut marqué par le triste trentième anniversaire de l’attentat du Drakkar à Beyrouth au Liban où 55 parachutistes de la 3e compagnie du 1er RCP trouvèrent la mort. Un moment émouvant et grave auquel participeront deux ministres, celui de la Défense Jean-Yves Le Drian et le ministre délégué aux Anciens Combattants Kader Arif. Une célébration mémorielle rare, pour les rescapés qui a Pamiers ont revécu des souvenirs toujours prégnants. Enfin, pour la troisième fois cette année, et c’est aussi et surtout ce qui confère à cet exercice 2013 un caractère exceptionnel, le 1er RCP a vécu très récemment, le vendredi 6 décembre dernier, sa troisième alerte Guépard. Un départ en urgence, ordonné à 18 heures, pour un embarquement vers le Centrafrique le lendemain, à 6 heures du matin !
Retour sur ces événements avec le colonel Bruno Helluy, 39e chef de corps du 1er régiment de chasseurs parachutistes, qui compte le plus grand nombre de citations collectives (11).
--------------------------------------------------------------------------------
Colonel Helluy: «Je pense aussi à leur famille»...
Colonel, 2013 a été une année exceptionnellement riche en événements ?
Oui c’est vrai. J’ai d’abord une pensée pour le caporal-chef Charenton tombé au Mali et pour le caporal Christopher Donald qui est décédé des suites d’une rixe au Gabon. A ce moment précis, je pense aussi à leur famille (long silence).
Quel est le fait le plus marquant de 2013 ?
Ce sont ces trois départs et à chaque fois dans l’urgence et pour des opérations compliquées. Deux dans le cadre de l’opération Serval au Mali et plus récemment celui pour le Centrafrique. Le plus important, ça a été pour le Mali, avec 350 militaires en tout qui partent dans l’urgence pour des opérations de haute intensité. Ce type d’opération, c’est notre raison d’être. Nous nous entraînons à ça et on se réjouit lorsque l’occasion se présente de pouvoir ainsi faire notre métier.
Le trentième anniversaire de l’attentat du Drakkar, en octobre dernier, là aussi ce fut un épisode marquant…
On peut parler de récompense de la Nation pour les victimes de cet attentat, pour leurs familles et pour le régiment. Le fait marquant de Drakkar, ce sont les pertes les plus importantes, en une seule fois, depuis la guerre d’Algérie. Cette cérémonie a marqué l’année 2013. Deux ministres sont venus. On a un suivi des familles qui est correct. Toutes celles qui veulent se tourner vers nous, on les aide. Mais avoir la reconnaissance de la Nation, la reconnaissance du ministre de la Défense et un suivi type Afghanistan, c’est vraiment un plus. Cela a été très bien vécu par les familles du Drakkar et par le régiment. La présence de tous les politiques, ça a été une belle démonstration.
Terminons, si vous le voulez bien, sur une note moins dramatique, le 70e anniversaire du 1er RCP.
Nous l’avons vécu comme un moment extraordinaire avec la population. Il existe un vrai lien entre le régiment et l’Ariège. D’ailleurs, j’ai énormément de mal à muter mes hommes après leur passage à Pamiers ! (rires) Leur carrière terminée, beaucoup restent ici !
--------------------------------------------------------------------------------
L'urgence, l'alerte, ça se gère comment ?
Colonel Bruno Helluy, chef de corps : «L’urgence c’est être prêt, matériellement, humainement aussi. être apte physiquement, être entraîné. En moins de 24 heures l’armement doit être réglé, les munitions, les radios, les dossiers médicaux, les assurances, les titres de transport, tout ça c’est dans des caisses, c’est cerclé, prêt à être embarqué dans les avions. En amont ça représente une mise à jour car tous ses mois ils sont d’alerte permanente, donc tous les mois on recommence. C’est un travail énorme. On doit être hyper procédurier avant et hyper-réactif après. Et ensuite, derrière cette logistique, il y a un état d’esprit et une adaptation qui se travaille aussi. Dans les troupes aéroportées, c’est l’état d’esprit qui prédomine. Par exemple, très récemment, pour le départ en Centrafrique, lorsque le capitaine de la 2e compagnie se prépare à une journée normale et qu’à 18 heures, on vous dit que vous embarquez demain à 6 heures du matin, vous débarquez ensuite de l’avion et vous allez vous interposer entre les deux factions, ça, c’est l’urgence. En moins de 24 heures, vous devez enregistrer toute la situation, votre mission, expliquer ce qu’il faudra faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire et ensuite vous vous retrouvez dans des situations qui sont extrêmement complexes. donc ce genre de chose ça se travaille. Nous, chez les parachutistes, on est bien aidé par le fait que notre entraînement repose sur la 3e dimension où il y a toujours plus d’aléas : la météo, les avions, les parachutes etc. et donc on est vraiment habitué à changer, à adapter nos planifications pour s’approcher le plus possible de la réalité du terrain et de fait remplir notre mission.»
Propos recueillis par X. Olmos