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 les médecins à dien bien phu

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MessageSujet: les médecins à dien bien phu   les médecins à dien bien phu EmptyLun 26 Jan 2009 - 17:12

Les Médecins a Dien Bien Phu
Groupe de militaires souvant oublier dans les récits de combats et pourtant sans eux " Les Médecins" aucun aurais survécus aux térribles combats de Dien Bien Phu.
Dans des circonstances extrêmes, les médecins du camp retranché et leur personnel vont alors trier, réanimer, évacuer et opérer des blessés par dizaines sans discontinuer. L’adaptation de l’organisation sanitaire du camp a permis une prise en charge de blessés, grâce aux techniques de réanimation du choc traumatique. La pratique d’interventions chirurgicales pendant la bataille, a permis de sauver un grand nombre de combattants dans un état souvent désespéré. Les résultats obtenus dans ces conditions militaires et sanitaires d’exception montrent un bilan honorable.

Le 12 novembre 1953, afin de bloquer la route du Viêt Minh vers le Laos et le Tonkin, la création d’une base aéroterrestre dans le village de Diên Biên Phu est décidée. L’opération « Castor » débute le 20 novembre par le largage de deux bataillons parachutistes dans la cuvette de Diên Biên Phu. Une forte résistance est rencontrée, des unités du Viêt Minh effectuant des manœuvres. Les pertes sont de 74 blessés et 16 morts, parmi lesquels le médecin-capitaine Raymond, premier mort de la bataille. Jusqu’au 22 novembre, 4 autres bataillons et de nombreux éléments organiques sont parachutés. Les blessés sont pris en charge par l’Antenne Chirurgicale Parachutiste n°1 (ACP 1) du médecin-lieutenant Rougerie, larguée le 21 novembre, et évacués à Laï Chau vers l’Antenne Chirurgicale Mobile n°21 (ACM 21) du médecin-lieutenant Thomas, ou vers l’hôpital de Hanoï.
Du 23 novembre au 15 décembre ont lieu l’opération « Pollux », afin d’évacuer la garnison de Laï Chau, et la remise en état de la piste d’aviation. De décembre 1953 à mars 1954, l’organisation de la base se poursuit avec l’arrivée de renforts qui s’installent sur les différents points d’appui (PA) autour de la piste d’aviation. L’ACM 29 du médecin-lieutenant Thuriès arrive le 21 décembre pour remplacer de l’ACP 1, et installer l’antenne chirurgicale centrale. Elle sera renforcée par l’ACM 44 du médecin-lieutenant Gindrey le 20 février ; le médecin-lieutenant Thuriès étant remplacé par le médecin-commandant Grauwin. Pendant ce temps, de nombreuses opérations de reconnaissance sont effectuées autour du camp retranché. Le dispositif sanitaire est organisé autour de l’antenne centrale au cœur du dispositif avec les postes de secours de bataillon (PSB) sur chaque PA.
Le 13 mars 1954, après une intense préparation d’artillerie, le PA « Béatrice » est perdu. Le 14 mars, dans les mêmes circonstances, le PA « Gabrielle » tombe. Les premiers renforts sont parachutés, dont l’ACP 3 du médecin-lieutenant Résillot le 16 mars, installée sur le PA « Isabelle », et l’ACP 6 du médecin-lieutenant Vidal le 17 mars, installée sur « Eliane 4 ». De nombreux combats ont lieu autour de la piste d’aviation sous le feu adverse. Devenues trop risquées, les évacuations sanitaires sont abandonnées le 26 mars.
Le 30 mars, une nouvelle attaque a lieu vers l’ouest sur les PA « Huguette » et l’est sur les PA « Eliane » et « Dominique ». De lourdes pertes sont enregistrées. De nouveaux renforts sont largués sur Diên Biên Phu jusque fin avril, dont l’ACP 5 du médecin-capitaine Hantz, le 8 avril, installée près du PC et de l’antenne centrale. Les combats font rage et les limites du camp diminuent. Une dernière attaque a lieu dans la nuit du 6 au 7 mai sur les PA « Eliane » et les bataillons Viêt Minh submergent les positions. Le PC décide le cessez-le-feu à 17h30 le 7 mai 1954 par manque de munitions et de ravitaillement. Le PA « Isabelle » cesse le feu le 8 mai à 01h00, après une dernière contre-attaque tentée de nuit. Le camp retranché a vécu, et les prisonniers vont commencer la longue route vers les camps.
Les blessés de Diên Biên Phu sont principalement des polyblessés ou des polytraumatisés qui représentent 60% de l’ensemble des patients. Ces lésions sont engendrées par l’usage intensif d’un armement lourd (artillerie, mortier, mines, grenades). Les blessés par balles représentent 20% des pertes, et ceux par projectiles d’artillerie 65%. Ces statistiques rappellent celles notées au cours de la campagne de France en 1944-45. De nombreux combattants sont soignés, voire opérés, deux ou plusieurs fois. Enfin, plusieurs cas sont rapportés de blessés légers qui décèdent au cours de leur prise en charge, du fait de l’épuisement extrême causé par le manque de sommeil, les carences et l’intensité des combats.

Le blessé est pris en charge dès la ligne de feu ou par le poste sanitaire de bataillon. Après le ramassage, le médecin réalise un examen clinique axé sur les constantes vitales et les lésions traumatiques puis débute la mise en condition. Le traitement comporte l’injection intramusculaire de pénicilline, de sérum antitétanique et de morphine. En cas de choc traumatique, une injection de mélange de déconnexion neurovégétative est réalisée. Les fractures sont immobilisées, les plaies vasculaires bénéficient d’un point de compression ou de la mise en place d’un garrot. Une fiche médicale de l’avant est rédigée. L’évacuation a lieu vers l’antenne centrale avec les véhicules du Service santé. Toutefois avec l’intensification des combats et les nombreux dégâts matériel, l’évacuation vers l’antenne centrale ou les autres antennes chirurgicales se fera ensuite à pied ou à dos d’homme. L’arrivée à l’antenne chirurgicale après plusieurs heures a des conséquences redoutables sur l’état des patients, avec un allongement des délais de prise en charge et l’aggravation des états de choc. L’évolution de la bataille voit des blessés arrivant, de plus en plus nombreux, directement dans les antennes chirurgicales.
L’activité du chirurgien d’antenne se divise en trois phases : trier, réanimer, évacuer ; l’acte opératoire devant rester exceptionnel pour les urgences absolues. Ce que Boron résumait en ces termes : « trieur toujours, réanimateur souvent, opérateur parfois ». Le triage détermine l’état des patients, les gestes de réanimation à entreprendre, et les patients nécessitant un geste salvateur. Acte primordial, il est effectué par le chirurgien le plus expérimenté, avec examen du blessé, de la fiche médicale de l’avant, et prescription des gestes de réanimation que les infirmiers auront à réaliser. Les listes opératoires et d’évacuation sont fixées. A Diên Biên Phu, le type très particulier de combat a entraîné de profondes modifications dans le fonctionnement des antennes chirurgicales, les blessés arrivant par vagues entières et engorgeant les abris de l’antenne centrale, puis ceux des ACP. L’afflux massif de polyblessés, de choqués, la volonté de traiter le plus grand nombre et l’absence de moyens d’évacuation ont amené chirurgiens et médecins à prendre des décisions douloureuses.
Les blessés sur un brancard, sont déshabillés, lavés et les constantes vitales notées. La réanimation débute avec la pose d’un accès veineux par canulation directe ou dénudation d’une veine périphérique. En cas de choc traumatique la mise en place d’une canule de Grigaux par voie fémorale ou sous-clavière permet un remplissage plus rapide. La libération des voies aériennes supérieures est réalisée. Une oxygénothérapie au masque facial est débutée. L’intubation trachéale n’est pas pratiquée à cause des impératifs de mobilité des antennes chirurgicales et en raison de la formation des infirmiers qui ne maîtrisent pas tous ce geste. En cas de difficulté d’accès aux voies aériennes, une trachéotomie est réalisée par le médecin ou le chirurgien.
La prise en charge des patients choqués repose sur 4 points cardinaux : le remplissage vasculaire et la transfusion, la déconnexion neurovégétative l’oxygénothérapie et l’antibiothérapie. La sédation est réalisée par l’injection d’un mélange de déconnexion neurovégétative. Appliquée en Indochine dès la fin de l’année 1952, elle est issue des travaux de Laborit et Huguenard en 1950. Ils postulent que les réactions du système neuroendocrinien face à un choc sont délétères pour l’organisme et qu’il faut les bloquer. La déconnexion est effectuée par l’administration de doses fractionnées d’un mélange associant Dolosal, Phénergan et Novocaïne réalisant une prénarcose. Le remplissage vasculaire associé comporte des cristalloïdes (Ringer-Locke, sérum physiologique), ou des macromolécules (Subtosan). La transfusion sanguine utilise du sang ou du plasma cryodésséché. Le type de soluté ou de produit sanguin, ainsi que la quantité sont déterminés par l’évolution des chiffres de la tension artérielle. Le sang est conservé dans de la glace parachutée avec les flacons, mais les réserves sont plutôt acheminées vers l’antenne centrale. Les autres antennes utilisent principalement le plasma, les solutés de remplissage et les analeptiques cardiaques (camphre, strychnine). Des transfusions bras à bras sont parfois réalisées dans les cas urgents, car des donneurs universels sont connus des chirurgiens. Une réinjection de Pénicilline et de Streptomycine est systématique, car les plaies sont souillées par des éclats métalliques et des débris telluriques et vestimentaires. Le projectile appelé « boue de rizière » est particulièrement craint car c’est un véritable bouillon de culture. Une sérothérapie antitétanique et antigangréneuse est associée. Aucun cas de tétanos n’est déclaré. Les cas de gangrène sont rares, sauf dans les dernières semaines de combat, où l’état de carence et d’épuisement des blessés a entraîné l’apparition de gangrènes foudroyantes. La réanimation est entretenue par une sédation utilisant des injections de mélange déconnectant et/ou de morphine selon l’état des blessés. Des injections de morphine à titre palliatif ont été utilisées chez des patients au-delà de toute ressource thérapeutique.
Après le tri et la réanimation, l’ordre des évacuations sanitaires est déterminé ainsi qu’un éventuel programme opératoire. Jusqu’au 26 mars 1954, les évacuations sanitaires sont réalisées par des C47 « Dakotas » ou par des hélicoptères Sikorski vers les hôpitaux militaires de Hanoï ou vers les antennes chirurgicales basés à Laï Chau ou Muong Saï. Les équipages de l’Armée de l’air et les convoyeuses de l’air ont pris de nombreux risques afin d’amener les blessés vers les structures de soins, malgré les tirs de la DCA et les bombardements visant la piste d’aviation. Leur courage et les ruses utilisées ont permis l’évacuation de 326 blessés, entre le 13 et le 26 mars 1954, date de la décision d’arrêt des « evasan » après la destruction d’un « Dakota » et l’immobilisation de l’équipage dans le camp retranché. L’arrêt des « evasans » alors que les combats redoublent d’intensité et que les blessés affluent des plus en plus nombreux dans les antennes chirurgicales, entraîne un bouleversement de leur fonctionnement opérationnel. Les chirurgiens vont devoir opérer systématiquement les blessés le nécessitant et trouver la place nécessaire pour l’hospitalisation.
L’acte chirurgical restant exceptionnel dans les antennes en raison des contraintes de mobilité et le niveau technique des infirmiers étant variable, cela impose l’emploi d’un matériel d’anesthésie simple et résistant. L’anesthésie concerne surtout des patients choqués, traumatisés, ayant l’estomac plein. Elle est donnée selon la technique de la narcose semi-close avec de l’éther diéthylique grâce au masque d’Ombredanne, associée à l’injection de Nesdonal comme « starter ». L’entretien est effectué avec les mêmes agents. L’antenne centrale utilise un mélange oxygène-protoxyde d’azote pour l’anesthésie. Les autres antennes, faute d’approvisionnement suffisant, gardent l’oxygène pour la réanimation et utilisent un mélange éther-air ambiant. Pour les interventions très courtes, la narcose est réalisée au masque de Camus avec une compresse imbibée de chlorure d’éthyle. L’analgésie est réalisée par l’utilisation de la morphine, de la Péthidine, ou par des injections de mélange déconnectant. La ventilation est manuelle ou spontanée avec le masque d’Ombredanne, et la perméabilité des voies aériennes est obtenue par une canule oropharyngée. La curarisation n’est pas utilisée. L’anesthésie locale à la Novocaïne est employée seule ou en complément de l’anesthésie générale. Chaque acte opératoire doit être le plus court possible, car le nombre de blessés augmente après chaque attaque et il n’est pas rare que les équipes réaniment, anesthésient et opèrent pendant plusieurs jours consécutifs. Le repos est pris entre deux interventions sur un tas de toiles de parachute et les repas administrés grâce à des pailles pendant l’intervention.
Les soins postopératoires sont administrés dans les abris des antennes chirurgicales puis dans les abris réquisitionnés autour du PC selon les possibilités. Les blessés les plus graves restent à l’infirmerie, et les plus légers retournent se battre auprès de leurs bataillons d’origine, et sont pris en charge par les médecins des PA. De nombreux blessés ont été soignés deux ou plusieurs fois par le personnel des antennes. Les soins comportent la toilette, la réfection des pansements, l’alimentation, l’injection de morphine, de mélange déconnectant, de sang ou de plasma, et surtout le temps passé à réconforter les blessés. La durée des traitements et les posologies sont déterminées en fonction des possibilités d’approvisionnement, des corvées d’eau et de ramassage des colis qui deviennent de plus en plus risquées. Le ravitaillement devient difficile, malgré les parachutages nombreux, car la taille du périmètre de largage se rétrécit avec l’évolution des combats et une grande partie des colis tombe au milieu des lignes adverses.`

Le 7 mai 1954, quand l’ordre de cessez-le-feu est donné, 2156 blessés ont été traités et 1154 interventions chirurgicales pratiquées, avec un taux de mortalité global de 2,9%. Ces résultats sont le témoin de la prouesse réalisée par le personnel du Service de Santé à Diên Biên Phu, malgré les circonstances de la bataille, les conditions climatiques et la promiscuité. L’arrêt des évacuations sanitaires a été le phénomène majeur entraînant l’adaptation de la chaîne de secours, et les changements de tactique sanitaire. Ceci démontre toute l’importance, en cas d’afflux massif de victimes et de dépassement de moyens, de la maîtrise des couloirs aériens et terrestres d’évacuation. Les progrès dans la réanimation du choc traumatique ont été rendus possibles grâce à l’utilisation de la transfusion sanguine, de l’antibiothérapie et de la technique de déconnexion neurovégétative. La pratique de l’anesthésie générale à l’éther au masque d’Ombredanne, en association avec le Nesdonal, sans curarisation ni intubation trachéale s’est révélée une technique fiable, malgré sa rusticité, devant la gravité de l’état des patients. L’abnégation, le professionnalisme et l’humanité dont ont fait preuve les médecins, les chirurgiens et tout le personnel paramédical du camp retranché pendant ces heures difficiles sont pour beaucoup dans les excellents résultats obtenus dans les soins.

Médecin-Chef : Capitaine Le Damany



Antenne Chirurgicale Mobile n°29 (ACM 29), Commandant Paul Grauwin

Antenne Chirurgicale Mobile n°44 (ACM 44), Lieutenant Jacques Gindrey

Antenne Chirurgicale Parachutiste n°3 (ACP 3), Lieutenant Louis Résillot

Antenne Chirurgicale Parachutiste n°5 (ACP 5), Capitaine Ernest Hantz

Antenne Chirurgicale Parachutiste n°6 (ACP 6), Lieutenant Jean Vidal
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