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« ... Le devoir de mémoire incombe à chacun...rendre inoubliable. Ceux qui sont morts pour que nous vivions ont des droits inaliénables. Laisser la mémoire se transformer en histoire est insuffisant. Le devoir de mémoire permet de devenir un témoin... »
 
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 Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.

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MessageSujet: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyMer 29 Juin 2011 - 16:22

Le 16 janvier 1957 un attentat à la roquette est commis contre le Général Salan, alors Commandant de la 10eme Région Militaire, commandant interarmées à Alger.
Le général se trouvait à ce moment là au gouvernement général d’Alger avec Robert Lacoste, ministre résident, et il raconte : « Dix-neuf heures viennent de sonner quand un énorme fracas, comme on n'en a jamais entendu dans Alger, ébranle l'édifice. Malgré l'obscurité on voit monter au-dessus du port une épaisse colonne de fumée noire et jaunâtre. Nous nous regardons atterrés.
C'est chez vous, le commandant Rodier est blessé.
Je mets mon képi, dévale les escalier, bondis dans ma voiture et, à toute allure, rejoins la Xème région. Ma femme m'attend devant la porte. Rodier est mort, me dit-elle. »

En effet, le commandant Rodier, adjoint de Salan, assis à la place de son chef , est mort du coup direct d’une des deux roquettes *, tirées depuis la terrasse du bâtiment situé en face.

Les enquêteurs découvrent sur la terrasse un bazooka de fortune formé de deux tuyaux d’adduction d’eau en fonte fixés sur une plate-forme constituée par une planche à laver et un escabeau, relié à un très long fil électrique qui, descendant par la cage d’escalier, aboutissait dans le couloir d’entrée de l’immeuble.

Le "bazooka" tel que les enqueteurs l'on trouvé

Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. Img02510

L'enquête qui semblait très difficile devait au contraire aboutir rapidement. Le fil électrique utilisé par les terroristes et laissé sur place était d’un modèle très peu courant à Alger : il était constitué d’un nombre de brins de cuivre différent de celui utilisé d’ordinaire.
L’enquête permit de retrouver le grossiste qui avait reçu le fil de Paris. L’homme fournit aux policiers la liste des détaillants. L’un deux se souvint d’avoir vendu 100 mètres de ce fil (exactement la longueur du fil abandonné dans la cade d’escalier) à un horloger, Christian Tronchy, puis en cascade furent arrêtes :
-René Kovacs, docteur en médecine,
-Philippe Castille, inspecteur commercial
-Michel Fechoz représentant chez Renault,
-Gabriel Della Monica, sapeur pompier,
-Ange Gaffory, ajusteur mécanicien.
- Jean-Claude Pérez, médecin
- Jo Ortiz, cafetier
- Georges Wattin, agriculteur
Certains continueront de faire parler d’eux bien après cette affaire…

Tous sont membres ou proches d’une organisation, l’ORAF, (Organisation de la Résistance de l’Algérie Française) qui mène dès le 16 novembre 1954, quelques jours après la « toussaint rouge », des actions contre-terroristes avec l’appui du SDECE et la bienveillance de l‘armée…En somme ils rendent coup pour coup au FLN.
Ils se disent persuadés que Salan sera le « bradeur » de l’Algérie.
Leur chef est René Kovacs, un Pied-noir d’origine Hongroise et le « maitre d’œuvre » Philippe Castille, métropolitain, jeune résistant, ancien du 11e Choc, lieutenant de réserve, formé par Paul Aussaresses, un pro de l’explosif. C’est donc lui qui installe et déclenche le tir et il raconte:

« Le 16, à 18 heures, nous sommes montés individuellement sur la terrasse dont Fechoz avait la clef. Il faisait nuit noire et le temps était à la pluie. Le docteur Kovacs est resté dans la rue et s'est mêlé aux passants. Tandis que l'équipe Fechoz-Gaffory s'occupait du fil, avec nos autres camarades nous avons transporté contre la balustrade un escabeau, une caisse en bois et une planche à laver pour servir de support aux deux tubes. Puis Tronci a préparé les roquettes, effectuant les jonctions avec le fil qui avait été placé le long du mur de la cour et qui retombait à l'intérieur par la fenêtre du bas demeurée ouverte. J'ai placé les roquettes, rattachées au fil, dans les tubes, puis mes camarades sont redescendus et j'ai moi-même pris l'escalier deux minutes après eux. Arrivé en bas, j'ai procédé à la mise à feu, à l'aide de la pile que je détenais, par contact negatif-positif avec le fil. L'explosion a été instantanée. Je suis sorti sans me hâter et j'ai jeté la pile dans un égout de la rue Sadi-Carnot. Puis mes camarades et moi-même sommes repartis. Je ne savais pas qu'un commandant avait été tué.
Je n'ai aucune autre déclaration à faire sinon de vous préciser que notre but n'était pas de tuer, mais de provoquer une explosion spectaculaire au sein même du haut-commandement dans l'espoir de voir réagir et l'opinion publique et les éléments saints de l'armée. »


Les autres inculpés rapporteront sensiblement les mêmes versions. Sauf Kovacs qui en rajoutera sur ses mobiles et des soient disants commanditaires politiques « hauts placés », une sombre histoire de complot que le juge d‘instruction militaire refuse de prendre en considération de façon sérieuse. Il va même plus loin en affirmant par la suite qu’il n’y a jamais eu de complot.
Puis trois hommes sont relâchés, Pérez et Wattin étrangers à l’affaire, et Jo Ortiz qui un temps a servi de dépositaire des roquettes, ce qui est ignoré à l’époque.
Et surtout René Kovaks mis en liberté provisoire en profitera pour prendre la fuite…
Au début du mois de janvier, Les auteurs sont inculpés d'association de malfaiteurs, d'homicide volontaire, de tentative d'homicide, de destruction d'immeuble par engins explosifs. Ils sont renvoyés devant le tribunal permanent des forces armées pour y être jugées conformément à la loi.
Le 15 octobre 1958 le tribunal des forces armées condamne Kovaks, en fuite, à la peine de mort, Castille à 10 ans de travaux forcés, Féchoz et tronchy à 6 ans de la même peine, Gafori et Dellamonica à 5 ans.
Ils ne moisiront pas en prison et seront relâchés par les hommes de Lagaillarde pendant la semaine des barricades, en janvier 1960, et pour la plupart se retrouveront dans l’OAS.
Philippe Castille se trouvera face au général Salan à Madrid en 1960 et il relate cette rencontre : « J'étais dans mes petits souliers. Il m'a dit : "Oublions le passé." »
Castille continuera d’exercer son art pyrotechnique et le 17 janvier 1962, en métropole, il inaugure les « nuits bleues. » « C'est une figure de feu d'artifice », précise-t-il. 18 charges ébranlent Paris, sans faire de victimes. Castille est arrêté au moment où il s'apprête à faire sauter l'émetteur de la tour Eiffel.

* Rien que l’histoire de la provenance et de l’acheminement des roquettes est un véritable roman feuilleton. Il y en a eu en fait trois, deux tirées le jour de l’attentat la troisième ayant servi d’essai à Azur Plage près de Sidi-Ferruch…

Affaire Classée ?
Pour la justice, oui, reste la théorie du complot……

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MessageSujet: Re: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyJeu 30 Juin 2011 - 7:35

La théorie du complot

Il ne fait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un complot et que les hommes du commando n’ont pas agit de leur propre initiative.
Parmis les bizarreries du procès il y a le fait que les inculpés soient remis en liberté provisoire…alors que les avocats, Me Tixier-Vignancourt et Biaggi n’avaient rien demandés…A part Kovacs ayant fuit en Espagne les autres accusés vont comparaître libres et seront les premiers surpris par ce verdict auquel ils ne s’attendaient pas…et pour cause, ils pensaient avoir agis sur ordre de " plus haut " et pensaient être couverts.
Le premier à avoir été au courant, en dehors des protagonistes, fut sans doute le général Salan lui même.
Le 20 janvier , soit quatre jours après l’attentat, le commandant Henry chef de la sécurité militaire et le Lieutenant-colonel de Shacken, chef du 2eme bureau demandent à parler au général Salan et lui disent : " Mon Général, après l'attentat au bazooka, il devient indispensable que vous soyez mis au courant des bruits qui courent, si désobligeants soient-ils. Nous avons longuement conversé avec le juge Bérard et les propos qu'il nous a tenus confirment bien ce que nous avons appris. Depuis le 15 décembre dernier, vous faites ici l'objet d'une campagne de diffamation, dont l'origine est à Paris. Nous estimons que ni le F.L.N. ni le P.C.A. ne sont les responsables de l'attentat, mais bien plutôt des Algérois dirigés par Paris. En clair on vous accuse de vouloir larguer l’Algérie. Ce qui est certain, c'est que ces calomnies n'ont commencé à circuler qu'après la visite du général Cogny et des civils qui l'accompagnaient le 15 décembre dernier."
Bien sur Salan est complètement bouleversé devant ces calomnies qui atteignent sa
réputation…Il n’est pas au bout de ses surprises. Et puis que vient faire le général Cogny dans cette histoire. Salan vient à douter de cette thèse du complot, mais d’autres noms vont suivre et des déclarations se recouper…

Mais il faut revenir, pour mieux comprendre, au début des années 1950 ou un homme " sème la tempête à la tribune du Sénat. Le venin aux lèvres, il dénonce, il accuse, il requiert, il condamne, menace même de la guillotine. Il publie deux livres aux titres ambitieux ;" : " la république et son pouvoir" en 1950, "la république et ses problèmes" en 1953. " Ce sont des monceaux d’ennui qui n’attirent pas les lecteurs et dont les hommes politiques de l’époque se soucient fort peu."
En 1957 , par contre, il parvient à percer le mur d’indifférence contre lequel il s’escrime en vain depuis si longtemps, grâce à un petit journal d’apparence modeste, mais de contenu explosif : le courrier de la colère.
Cet homme c’est Michel Debré et cet immense effort d’orateur, de journaliste, d’écrivain n’a qu’un seul but " amener nos dirigeants à faire appel au général de Gaulle ". On ne pouvait tout de même pas attendre une troisième guerre mondiale pour recréer un homme providentiel…
Pour Debré c’est clair : "il faut créer en Algérie un incident susceptible d’être exploité politiquement en Métropole, c’est à dire allumer à Alger une bombe qui explosera dans la Métropole."


Michel Debré, grâce à son « courrier de la colère » et à sa position au Sénat, devient l’âme d’un groupe actif et décidé : le groupe des Six. Le problème est de mettre le feu en Algérie et plus précisément à Alger.
Comment faire ? Il faut d’abord prendre contact avec des activistes algérois et des officiers susceptibles de « basculer » pour défendre l’Algérie française…

Les activistes algérois ne sont pas totalement inconnus, comme on l’a vu ils travaillent avec l’appui du SDECE, voir de la police. De plus ces hommes , à mesure que le temps passe, se rendent compte que leur action si courageuse soit elle, ne peut en rien changer l’incohérence politique algérienne décidée par Paris.
Aussi cherchent-ils désespérément, avec leur méconnaissance de la politique et de ses rouages à nouer des liens avec des hommes et des groupes politiques pouvant leur apporter un soutien. Et bien entendu, l’opiniâtreté de ces activistes n’est pas sans intéresser ceux qui, dans la capitale, préparent depuis des années complot sur complot. Les gaullistes ne sont pas les derniers.

Certains des ces activistes sont discrets d’autres beaucoup moins comme René Kovaks, qui est un passionné, profondément attaché à sa terre d’Algérie. Aidé par son épouse, Marie-Jeanne, il transforme peu à peu sa villa « les Horizons » sur les hauteurs de Bouzaréa, en un véritable lieu de réunion. Les visiteurs y sont très vite, trop vite peut être, très nombreux.
Kovaks pour pallier son manque de culture politique, fait appel à son bon sens et à la sympathie ou à l’antipathie qu’il éprouve pour donner ou refuser sa confiance à ses interlocuteurs. C’est vers lui que le groupe des Six lance un hameçon et c’est ainsi qu’en novembre 1956, peu de temps après l’affaire de Suez, Kovacs reçoit la visite d’un chargé de mission de la recherche scientifique, François Knecht.
Entre Kovacs et Knecht le courant passe immédiatement. Outre une amitié commune avec l’ancien sous-préfet Achiary, un ancien du BCRA, ami de Soustelle, Kovacs découvre, au cours de la conversation, que Knecht est marié à une de ses amies d’enfance. Ce que Kovacs ne sait pas c’est que Knecht n’est pas là par hasard.

Envoyer François Knecht en liaison à Alger, c’est une idée de Michel Debré. Pourquoi? Parce que cet homme possède deux caractéristiques essentielles et complémentaires qui font de lui l’émissaire rêvé : 1) sa famille est de Balbronn, berceau alsacien de la famille Debré; 2) il s’est marié avec une algéroise, amie d’enfance de René Kovacs, ce que ce dernier ne sait pas encore. Heureuse coïncidence.
Sur une carte à en tête du Conseil de la République, le sénateur Debré fait à François Knecht un mot d’introduction auprès du général Faure, avec lequel il prendra contact à Alger. Il profitera de son voyage pour établir la liaison avec Kovacs, lui révéler sa collaboration pour créer l’incident décisif. Il lui annoncera en outre l’arrivée prochaine à Alger de Pascal Arrighi, membre du comité des Six.
Les fils du complot sont désormais noués.

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MessageSujet: Re: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyJeu 30 Juin 2011 - 7:47

Hello everybody,

Merci Zitoune pour cette page d'histoire.
Je ne connaissais pas cet épisode.
Cdlt

Mac
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MessageSujet: Re: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyJeu 30 Juin 2011 - 12:32

Dès sa première rencontre avec Knecht, en novembre, Kovacs est très prolixe et fait part à son nouvel ami de ses craintes concernant l’avenir de l’Algérie et va même jusqu’à lui ouvrir son cœur sur les actions qu’il mène à Alger avec ses troupes. Knecht n’en attendait pas tant et il juge immédiatement que Kovacs peut lui fournir, ainsi qu’à ses amis parisiens, les hommes d’action dont ils manquent à Alger. Pour le moment Knecht ne s’avance pas et se contente de faire son rapport au groupe des Six.
Ce n’est qu’a la deuxième rencontre, après accord de Paris, que Knecht s’avance un peu plus en parlant de certains évènements susceptibles d‘avoir des répercussions attendues en métropole…Kovacs raconte : « Aux environs du début du mois de décembre 1956, je reçus la visite de M. François Knecht, habitant Paris, et marié à une de mes amies d'enfance d'Alger. Il m'exposa les tenants et les aboutissants d'une situation qui pouvait se résumer de la sorte : Il existait à Paris un comité de six membres parmi lesquels figuraient M.Le Sénateur Michel Debré, M. le député Pascal Arrighi. M. François Knecht, était chargé d'établir une liaison avec nous pour nous mettre au courant de cette situation et nous prévenir de l'arrivée prochaine de M. Arrighi et de M.Griotteray, officier d'état-major du général Cogny. »


En effet, le 16 décembre au matin, Kovacs d’après ses dires, reçoit dans sa villa la visite de deux hommes : Alain Griotteray, officier de l’état-major du général Cogny, alors en poste au Maroc, et Pascal Arrighi, député de la Corse, qu’accompagne Knecht. Cette fois, des précisions lui auraient été fournies. Les fameux évènements attendus à Alger devraient permettre au général Cogny de remplacer Salan comme commandant en chef.
Le soir même, dans une chambre de l’hôtel Saint-Georges, celle de Griotteray, le docteur Kovaks rencontre le général Cogny : « Cet entretien se borna simplement à un échange de vues sur la situation sans aborder le problème politique. » Dans la nuit, alors que Cogny et Griotteray sont repartis par avion pour le Maroc, Kovacs réunit chez lui Castille et Féchoz pour les mettre au courant, en présence de Knecht et Arrighi.
Toujours d’après Kovacs, c’est cette nuit là qu’Arrighi aurait annoncé que toute l’opération serait coordonnée par un comité installé à Paris : le fameux « comité des Six » Et en donne même la composition : lui même et deux sénateurs : Michel Debré et Ghiscard-Monservain (sic)*. Les trois autres noms doivent rester secrets, précise t-il encore.

Le comité des Six aurait établi un plan qui prévoit toute une série d’éventualités avec un dénominateur commun : l’accession de Cogny à la tête de l’armée d’Algérie :
1) Le gouvernement accepte et ratifie l’installation de Cogny. Il ne se passe rien dans l’immédiat et on prépare la suite.
2) Le gouvernement refuse d’entériner. Il est alors renversé à Paris et un nouveau gouvernement d’Union Nationale lui succède, qui accepte le fait accompli.
3) Le gouvernement ne peut être renversé. On réalise alors un coup de force à Paris, avec l’aide d’amis surs du Parlement.
4) Le coup de force ne peut être réalisé. Il faut tenir bon à Alger et provoquer une coupure totale entre la métropole et l’Algérie. Ce sera alors au Comité de jouer à Paris.
5) Pour être tenté à la place de la troisième hypothèse ou pour faire suite à la quatrième, un groupe de parlementaires, députés et sénateurs, après avoir prêté un nouveau « Serment du jeu de paume », enverrait une délégation au président de la
République pour réclamer la constitution d’un « gouvernement de salut public », dont la présidence serait confiée à Jacques Soustelle.

* Ghiscard-Monservain : cet homme n’existe pas, brouillage de piste?
Un certain Boscary-Monservin et Valery Giscard d’Estaing, à l’époque simple député du Puy de Dome, seront toutefois entendus. Ils se diront totalement étrangers à cette affaire, ce qui est certainement la réalité.

Avec la manipulation du groupe Kovacs, ils essaient ce qu’ils réussiront de façon magistrale, un an et demi plus tard, avec d’autres mouvements activistes algérois.
Pourtant en cet fin 1956, les « organisateurs » évitent de se mouiller. S’ils veulent bien donner des conseils, ils refusent de donner des consignes précises; ce qui ne laissera pas d’inquiéter Kovacs, qui un temps, rompra les relations.
Pourtant Kovacs est vite « repêché » par un ami de Griotteray, Jacques Sauvage, qui viendra le voir de la part de Knecht. A partir de là tout s’enchaîne et pour la première fois il est question du général Salan.
Car Salan, commandant supérieur des troupes passe aux yeux des Six pour un trop bon républicain. On lui prête même des amitiés socialistes. Il s’entend bien avec Robert Lacoste. Nul doute qu’il soit opposé à toute idée de « coup de force » visant à renverser le régime pour faire revenir de Gaulle.
Et les bruits courent, les plus désobligeants : Salan a bradé l’Indochine avec Mendés France…il est le responsable de la perte de Dien Bien Phu…il n’est en Algérie que pour donner le pays au FLN…etc Toutes les analyses concordent : Salan doit être éliminé si l’on veut avoir la moindre chance de succès.


C’est ce que relate Kovacs: Nouvel entretien début janvier 1957 ...« C'est au cours de cet entretien qu'il fut question du général Salan. Comme la conversation roulait sur les évènements et la possibilité de les résoudre au mieux, Griotteray a fait allusion à lui dans ce sens. Mais il y a Salan, s'il disparaissait cela serait tout autre chose et les difficultés seraient aplanies ceci accompagné d'un geste du bras »

Plusieurs moyens pour éliminer Salan sont envisagés : un attentat à la bombe à l’intérieur du bâtiment de la Xe région militaire, l’attaque de sa voiture sur le parcours Alger-Maison-Blanche, l’explosion d’une bombe dans son avion entre Alger et Oran…en fin de compte l’équipe algéroise opte pour une attaque du bureau du général Salan au bazooka.
Et le 16 janvier 1947 on passe à l’acte…
Kovacs, Castille et Féchoz racontent la genèse de l’attentat au commissaire central Jean Builles et leurs déclarations faites individuellement se recoupent parfaitement. La police et le magistrat instructeur n’ignorent plus rien des responsabilités du groupe politique dont l’âme est Michel Debré. Pourtant des commanditaires, seuls Knecht et Sauvage sont arrêtés, Griotteray ayant préféré prendre la poudre d’escampette en Espagne…
Dès lors les jeux devraient être faits. Ils ne le seront pas et seuls les lampistes vont payer.

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MessageSujet: Re: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyJeu 30 Juin 2011 - 12:42

Quelques jours après les révélations de Kovacs à la justice, en février 1957, le sénateur Michel Debré demande audience au garde des Sceaux, ministre de la Justice, à l’époque, François Mitterrand qui raconte: « Tout de suite il (Debré) proteste de son innocence…Il vient affirmer auprès de moi qu’il ne connaît rien ni personne qui, de près ou de loin, ait touché à l’assassinat d’un officier français commis en plein Alger…Sans doute existe t-il dans le dossier des pièces accusatrices et des aveux troublants, mais il s’en expliquera plus tard. »
La démarche de Debré n’est pas seulement insolite. Elle constitue une première entrave délibérée au cours de la justice, car Mitterrand ajoute: « il me disait (Debré) que je n’avais pas le droit, quels que fussent les éléments du dossier, d’agir de manière prématurée, avant qu’il ait eu le temps de réunir les éléments contradictoires »
Éléments qui de toute façon ne viendront jamais.
Ce n’est qu’un début, un tout petit début…

Le 11 mars 1957, quelques semaines après l’attentat, Salan se rend à Colomb-Béchard pour y accueillir de Gaulle qui vient visiter les installations pétrolières à titre privé.
( Il ne reviendra au pouvoir que plus d’un an après, mais certains diront qu’il était déjà venu s’assurer que les puits de pétrole seraient remis en bon état au FLN)
Salan déclare: «  Nous avons tout d'abord une conversation de prés d'une heure sur la situation générale en Algérie, sur celle d'Alger qui lui semble s'améliorer grandement et dont il me complimente, sur d'autres questions ayant trait à mes commandements Antérieurs…Puis, tout de go, le général me dit : 
--- Alors Salan, cette affaire du bazooka…sans doute faut-il voir son origine dans des sanctions que vous avez infligées à des soldats en Indochine et qui, depuis, vous en voulaient !…
Sur le moment cette réflexion me laisse pantois, mais je me reprends vite
---Non mon Général, dis-je, il ne s'agit nullement de gars d'Indochine, ils me sont bien trop attachés, mais d'une sordide affaire politique. Lorsque le procès aura lieu, croyez moi, vous en découvrirez vous-même toute la gravité.

Le général me jette un regard sans aménité puis, comme si rien ne s'était passé, me dit --- A tout à l'heure au dîner. 
Je ne cesserai de penser à cette conversation dans les jours qui suivent. »

Pour le général Salan, de gaulle était au courant des machinations de Debré et de ses fidèles, cela ne fait aucun doute. Les chapitres des « Mémoires » de Raoul Salan consacrés a cette affaire contiennent des accusations fondées sur une documentation de première main.
D’ailleurs Salan n’hésitera pas à envoyer cette lettre on ne peut plus accusatrice à Michel Debré alors premier ministre avec copie pour le ministre des armées et le procureur de la république de la Seine.

 Le 29 janvier 1962
Monsieur,
Jusqu'ici je m'étais fixé comme ligne de conduite de garder personnellement le silence dans cette bien triste affaire qu'a été celle du bazooka. Certes, je sais que quelques journalistes partiellement informés y ont fait allusion.
Votre gouvernement vient de prendre des mesures dites " spectaculaires " pour lutter contre les patriotes qui ont pris pour mission celle-là même que vous prétendiez remplir il y a de cela seulement trois ans : la lutte pour la défense et l'intégrité du territoire national. Ces mesures, vous avez tenu à les expliquer vous même sur les ondes de la Radio Télévision Française, n'hésitant pas à appliquer les qualificatifs d'assassins et de criminels à l'encontre de ces mêmes patriotes.
De ce fait, me voilà donc libre de raviver certains détails précis et de vous rappeler la part directe que vous avez personnellement prise, en d'autres temps, dans une affaire d'assassinat.
Votre participation  m'a été prouvée en deux occasions au cours de l'année 1958. 
Au mois de juillet, le colonel Alain de Boissieu venait me trouver en présence du
général Lennuyeux, pour me demander de votre part de ne pas donner suite au procès du bazooka, craignant que " votre nom et celui du général de Gaulle n'y soient irrémédiablement mêlés ". Vous connaissez la suite que j'ai réservée à cette démarche. Je me suis refusé à vous suivre.
Quelque temps après, au mois d'août, vous êtes revenu sur ce problème. M.de la Malène, qui faisait alors partie de votre cabinet, vint à Alger. Comme je devais m'absenter je le fis recevoir par le général Dulac qui mit au courant le colonel Gardon, mon conseillé juridique, étant donné qu'il s'agissait d'une mission dans le cadre du cabinet du Garde des Sceaux. M. de la Malène a exposé la même argumentation que le colonel de Boissieu.
Le colonel Gardon m'a laissé une relation manuscrite de cet entretien. Ce document, précieux s'il en fut, a échappé à toutes les investigations et perquisitions de votre police.
En Espagne ensuite, vous n'ignorez pas que j'ai rencontré ceux-la même que vous aviez trompés, en leur faisant exécuter un acte qui était beaucoup plus destiné à servir vos ambitions que la cause de l'Algérie française. Les précisions que j'ai recueillies auprès de ces exécutants m'ont définitivement fixé sur la réalité de vos agissements. 
Ainsi vous êtes le premier justiciable des mesures que vous venez de prendre contre ceux que vous qualifiez de criminels.
Je vous désigne nommément comme l'assassin du chef de bataillon Rodier ".

Cette lettre parviendra bien aux intéressés et personne n’engagera de procès pour diffamation…

Dans cette histoire il y à la victime, le commandant Rodier, qu’il ne faudrait pas oublier. Madame Rodier s’est portée partie civile bien sur et des pressions non déguisées vont être exercées contre elle.
Mme Rodier raconte :
«  Les mois passent, Me Floriot (son avocat) m'écrit seulement le 30 décembre 1957 (presque un an après la mort de son mari) et sa lettre ne me satisfait pas, je demande à le voir. Il me confirme que des non-lieux viennent d'être rendus pour les inculpés en France, ajoute que l'affaire ne sera pas jugée à Alger mais en métropole et me dit tout ignorer des raisons de ces décisions. Seule la justice militaire est en possession de tous les éléments. Pour lui, il n'y a plus de " dossier Rodier "(sic) Devant mon vif désir d'avoir des explications, il me propose de me mettre en rapport avec M.Guibert, directeur de la justice militaire, seul qualifié pour me donner satisfaction.
Effectivement, fin janvier 1958, je suis reçue par M.Guibert avec lequel j'ai un long entretien. Il me fait un résumé de l'affaire, me donne les noms de personnes impliquées dans le complot et ajoute : " Si Griotteray, Knecht et Sauvage ont bénéficiés de mises en liberté provisoires c'est parce qu'ils ne sont que des sous-ordres et ne peuvent être incriminés sans mettre en cause des personnalités beaucoup plus en vue. Cela pourrait déclencher des mouvements d'opinion, menacer la stabilité gouvernementale et être à la base d'un 6 février(sic)*. D'autre part, ajoute-t-il, une confrontation entre le général Cogny et le général Salan ne serait guère opportune. Cela serait certainement exploité par la presse et jetterait le discrédit sur notre armée.
[i]Puis, en présence d'un général de gendarmerie, il me demande de renoncer à ce que le coté politique de ce procès soit évoqué, faisant appel à la mémoire de mon mari, à son attachement au général Salan et à mon sens de l'honneur.
Je me suis inclinée.
Pour me prouver que ce sacrifice est nécessaire et marquer la confiance qu'il met en moi, il propose de me laisser consulter le dossier après son retour de la Cour de cassation, ce en présence de Me Floriot auquel il est lié d'amitié et dont il est sur du patriotisme. Je me suis retirée sur ces paroles, mais je n'ai plus jamais eu de nouvelles ni de M.Guibert ni de Me Floriot. »


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MessageSujet: Re: Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan.   Le complot dit "du bazooka": Attentat contre le général Salan. EmptyJeu 30 Juin 2011 - 12:44

Affaire politique classée. Se servir des liens qui unissaient Le commandant Rodier à son chef direct, le général Salan, c’est tout simplement odieux!

Knecht et Sauvage sont donc mis en liberté, Griotteray est rentré en France sans être inquiété
Ils auront niés avoir participés à un quelconque complot, ils disent connaître Kovaks comme une relation de passage sans plus…
Le général Cogny affirme ne pas connaître Kovacs et ne jamais l’avoir rencontré, le général Faure affirmera le contraire…
M.Arrighi explique que ses voyages à Alger avaient un caractère officiel et que c'est dans le cadre de sa mission d'information qu'il a rencontré Kovacs, présenté comme très renseigné sur les opinions et les mouvements du milieu algérois…
Jacques Soustelle, Michel Debré et le général Faure déclarent tout ignorer d'un comité des six…
Ces déclarations ont lieu pendant l’instruction. Pendant le procès pas une seule question ne sera posée sur les origines de l'attentat ni qui avait armé les bras de ces exécutants. Personne ne s'en préoccupe et l'audience suit son petit train train jusqu‘au verdict.
Les cinq condamnés partent vers la prison, la tête basse mais une flamme de révolte se lit dans leur regards.
Pour Knecht, Sauvage et Griotteray, c’est le non lieu!!!

Voilà l’histoire de ce complot à partir de trois documents principaux :
- « Mémoires, fin d’un empire. » Général Raoul Salan
- « Le clairon impudique. » Pierre Sergent
- Historia magazine n° 222
Je ne prétends pas que ce soit la stricte vérité, la connaîtra t’on un jour?
Mais on comprend peut être mieux pourquoi Salan le 13 mai 1958 sur le balcon du GG à Alger n’a pas crié spontanément « vive de Gaulle ! ».


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