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 "Mettre le paquet" il a copié ça quelque part!

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claude millet
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claude millet



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MessageSujet: "Mettre le paquet" il a copié ça quelque part!   "Mettre le paquet" il a copié ça quelque part! EmptyMer 23 Juil 2008 - 20:59

Les français au contact des talibans
source : Valeurs Actuelles
Frédéric Pons, le 24-07-2008

"Mettre le paquet" il a copié ça quelque part! 4886ffe0b59ab28

Avec l’envoi d’un bataillon de choc, l’engagement français prend une
nouvelle dimension. Hervé Morin est allé sur place. Nous l’avons
accompagné.

Un plateau fauve à perte de vue, au débouché de plusieurs vallées. Une croûte de terre cuite par un soleil de plomb (50 °C) que le moindre souffle d’air transforme en nuages de talc brûlant, étouffant les hommes.Au nord-est de Kaboul, à 1 700 mètres d’altitude, la province de la Kapisa est un important point de passage, entre la frontière du Pakistan et Kaboul.Un verrou pour la coalition, une base d’assaut pour les talibans.Protégés par les
villages pachtounes, ils s’infiltrent dans le secret de ces vallées.
Les Américains avaient déployé dans cette fournaise l’une de leurs meilleures unités, les “Aigles hurlants” de la 101e division aéroportée, des spécialistes de l’assaut héliporté.

Des Français les remplacent depuis le 18 juillet, installés à Nijrab, dans le camp Morales-Frazier (deux soldats américains tués en opération), un fortin ceinturé de bastion walls,des parapets de caillasse et de terre formant muraille. En août, cette Task Force Kapisa comptera 700 bérets rouges. Ils sont le renfort promis à l’Otan par Nicolas Sarkozy, en avril à Bucarest. Jeté dans le combat contre les talibans, ce nouveau bataillon structuré autour du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (stationné à Castres), l’une des meilleures unités de combat de l’armée française, va combattre sur un terrain de chasse de 2 000 kilomètres carrés, à partir de ses deux bases, Nijrab et Tagab, plus au sud. Ils sont placés sous le
commandement opérationnel d’un général américain, une première depuis
la guerre de Corée (1953). « Le secteur est difficile, le 8e RPIMa est aguerri, nous sommes heureux d’avoir nos alliés français avec nous », dit sobrement le général Milley, commandant adjoint de la 101e Airborne.

La France va jouer dans cette bataille une partie de son crédit militaire en Afghanistan. Conscient des risques, Hervé Morin, le ministre de la Défense, est allé, le week-end dernier, inspecter l’ensemble du dispositif français sur le territoire afghan (voir notre encadré page suivante) : il a vu les deux bataillons de combat, à Kaboul et en Kapisa, les 200 spécialistes chargés de la formation de l’armée afghane, les 170 aviateurs basés depuis septembre 2007 à Kandahar, pour armer six avions de combat (Mirage 2000 D et Super-Étendard). Le ministre a constaté l’allant des soldats, les risques encourus et les difficultés logistiques pour le renfort en cours. Il a fallu acheminer 6 200 tonnes de matériels, dont 400 véhicules. Tout s’est fait en deux mois, grâce à une noria de bateaux cargos et une cinquantaine de vols d’avionstrès-gros-porteurs (Boeing américains et Antonov russes).Morin en a profité pour réconforter les militaires, déçus par l’attitude du chef
de l’État à leur égard : « La France est fière de vous », at-il répété dans sa tournée des popotes. Le ministre a compris également la forte attente des Afghans. Leur effort de reconstruction politique,administrative et sécuritaire du pays est indéniable. Mais les progrès sont lents, souvent minés par les rivalités claniques et la corruption: « Ils ne demandent qu’à être soutenus. Nous devions être là pour les aider à sortir du gué et atteindre l’autre rive. Hervé Morin a rassuré les alliés, notamment les Américains. Tous veulent voir la France s’engager davantage dans cette “guerre au terrorisme”. Ils
l’accusent depuis longtemps d’un excès de prudence, avec un dispositif
terrestre concentré sur Kaboul. Depuis le retrait du détachement des forces spéciales en janvier 2007, plus aucune force française n’était au contact direct du feu ennemi.Les alliés réclamaient un effort plus conséquent. Jacques Chirac avait refusé, sensible aux arguments de son état-major, soucieux de ne pas voir une partie des capacités militaires otage d’une mission à l’issue incertaine, loin des centres d’intérêts prioritaires de la France (Afrique, Proche-Orient, Méditerranée). Désireux au contraire de renouer l’amitié franco-américaine et de consolider le lien avec l’Otan, Nicolas Sarkozy a décidé de s’engager davantage en Afghanistan,au nom d’un objectif stratégique : interdire le retour des talibans à Kaboul et empêcher la résurgence d’un État djihadiste.
Sarkozy se trouve en phase avec Barack Obama.Le candidat démocrate à la
Maison-Blanche plaide pour un allégement rapide des forces américaines en Irak, afin de renforcer celles d’Afghanistan. De retour d’une tournée au Proche- Orient, il rencontrera Nicolas Sarkozy, ce vendredi, à l’Élysée. La France va aussi prendre le commandement de la région de Kaboul, à la suite de l’Italie. Elle avait déjà eu cette responsabilité, en août 2006,pendant huit mois. À partir du mois d’août, le général français Stollsteiner sera le grand patron de la “région capitale”. Ce para disposera d’un état-major renforcé et de nouveaux moyens de traitement de l’information. Au même moment,la zone d’action du bataillon français de Kaboul sera étendue à un nouveau
district. La France déploiera aussi une sixième OMLT (Operational Mentor and Liaison Team) dans la province de l’Oruzgan,au sud du pays, rattachée au contingent néerlandais. Ces équipes de liaison (220 militaires français mobilisés) permettent la montée en puissance de l’armée afghane. Pour mieux prouver cette détermination et obtenir d’emblée le maximumd’impact, l’état-major a choisi de déployer en Kapisa un groupement interarmes de choc :des fantassins, des sapeurs et des artilleurs de la brigade parachutiste de Toulouse, des cavaliers légionnaires. Dès leur installation, le 13 juillet, les marsouins parachutistes du colonel Jacques Aragones,patron du 8e RPIMa, ont multiplié les missions.«Pas de zone interdite pour nous, dit le colonel. Pas de restriction d’emploi par rapport aux Américains.Nous sommes dans l’interopérabilité et la confiance totales. » Les talibans profitent du terrain très compartimenté, propice aux embuscades. Ils sont près du fort Morales-Frazier : « À cinq ou six kilomètres à l’est », précise un jeune capitaine saint-cyrien, qui vient de recevoir le commandement de sa compagnie dans ce paysage si exaltant. Il n’oubliera sans doute jamais la toile de fond de la cérémonie : les cimes de l’Hindu Kush, à près de 5 000 mètres, le contrefort de l’Himalaya. Le 15 juillet, renforcés par la 101e Airborne et des fantassins afghans, les paras ont accroché une dizaine d’insurgés. « La force a retourné l’accrochage à son avantage », indique pudiquement le PC du bataillon. Dans la nuit du 17 au 18 juillet, puis le 21, les mortiers de 120 millimètres des artilleurs paras de Tarbes ont tiré pour appuyer un poste de l’armée afghane : «Une première ici pour l’artillerie française. » Aragones le confirme : «On accroche presque tous les jours dans la vallée de l’Afghania. » Il a déjà demandé deux missions d’appui feu à la chasse. Le colonel est heureux aussi de confirmer que son bataillon est engagé dans cette “mission de contre-insurrection” avec un potentiel exceptionnel : des armes lourdes (mortiers, blindés AMX-10 à canon de 90 millimètres) et des moyens de protection renforcés (tenues pareballes, blindages additionnels, brouilleurs d’engins explosifs). Cet effort de protection n'avait pas toujours été réalisé ailleurs. Cette fois,l’équipement est à la mesure des risques et de la pugnacité des talibans. Le bilan des pertes alliées montre une aggravation, d’année en année.
Après s’être stabilisé autour de 60 morts par an entre 2001 et 2004, le chiffre est passé à 130 tués en 2005, 191 en 2006 et 232 en 2007.
Depuis janvier, on compte déjà 146 tués. On redoute les quatre mois à venir (juillet à octobre), les plus meurtriers chaque année. « Cette hausse ne veut pas dire que les choses vont plus mal, analyse un officier de renseignements à Kaboul. Cela peut aussi vouloir dire que la coalition est passée à l’offensive en tapant maintenant au coeur des fiefs talibans. » L’accroissement des effectifs déployés y est aussi pour quelque chose. Mais à Kaboul, on parle aussi d’“irakisation” de la guerre. Cela signifie davantage
d’attentats suicide, de voitures piégées, de mines et d’IED (Improvised
Explosive Devices, explosifs commandés à distance) : « On compte 10 IED par jour en Afghanistan, dont 2 par jour à Kaboul. 80 % des actions terroristes sont réalisées par des étrangers. » Le port du gilet pare-balles et du casque est systématique dans les convois en véhicules blindés,à bord des hélicoptères ou des avions de transport tactique (Transall). Le comportement des soldats aussi a changé. Il se rapproche de celui des militaires américains à Bagdad :vigilance agressive vers l’extérieur. L’attentat suicide est la hantise de tous. Les militaires français installés en tourelle de blindé gardent le doigt près de la détente, prêt à riposter, la mitrailleuse de bord pointée vers les trottoirs ou la circulation. Des panneaux illustrés fixés à l’arrière des blindés invitent les automobilistes à
ne pas s’approcher trop près (photo, ci-dessus). Les véhicules qui s’y risquent sont éloignés à grands gestes. Si cela ne suffit pas, on braque son arme. Parfois, les Américains tirent. Les Français sont plus mesurés. « Nous avons d’autres habitudes, explique un officier : la maîtrise de la violence et un plus grand respect pour les populations civiles. »
Les Français continuent aussi à sourire et à saluer ceux qui leur font des gestes amicaux, le pouce levé en signe de sympathie. Le coût humain de cette guerre est jugé encore supportable. Avec “seulement” douze morts depuis 2001, dont neuf au combat (les autres par accident), le contingent français est loin des lourdes pertes américaines (558 tués). Six autres pays de l’Otan ont été plus durement touchés que la France, dont le Royaume-Uni (110 tués), le Canada (88) et l’Allemagne (25). Le renforcement de la présence française dans des provinces à risques, Kapisa à l’est et Oruzgan au sud, pourrait modifier ce tableau. « L’idée de partir serait folle, insiste Hervé Morin. Nous sommes en train de franchir un cap. C’est maintenant qu’il faut mettre le paquet. »

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