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 Noble Chevalier, ce sont des "paras" et non des manants! Apprenez donc à les connaître? Plaise à vous Sire, que je vous conte leur histoire

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Noble Chevalier, ce sont des "paras" et non des manants! Apprenez donc à les connaître? Plaise à vous Sire, que je vous conte leur histoire Empty
MessageSujet: Noble Chevalier, ce sont des "paras" et non des manants! Apprenez donc à les connaître? Plaise à vous Sire, que je vous conte leur histoire   Noble Chevalier, ce sont des "paras" et non des manants! Apprenez donc à les connaître? Plaise à vous Sire, que je vous conte leur histoire EmptyDim 4 Sep 2011 - 15:30

Oyez gentilshommes! Qui sont ces manants qui viennent ainsi hurler sous mes fenêtres ?

- Noble Chevalier, ce sont des "paras" et non des manants! Apprenez donc à les connaître? Plaise à vous Sire, que je vous conte leur histoire :

Durant la dernière grande guerre (39-45) les parachutistes allemands ne firent guère parler d'eux. Au débarquement des Alliés en Normandie, au mois de juin 1944, par contre, l'apparition massive de soldats venus du ciel stupéfia le monde: voir ces centaines de soldats suspendus à des parapluies de toile, se transformant en commandos dès qu'ils avaient touché terre, étonna les paisibles populations normandes.

En quelques jours, les parachutistes alliés venus libérer la France devinrent des vedettes enrichissant l'imaginaire populaire.

Mais qui étaient donc ces hommes intrépides, ces héros beaux comme des archanges au courage bientôt légendaire?

De jeunes hommes tout simples, comme à leur âge nous l'avons été vous et moi. Mais, patriotes volontaires pour une grande aventure, ils n'ont pas rechigné à suivre un entraînement terrible et à se forger un moral d'acier.

Une épopée

Ces hommes simples, modestes, venus de tous les horizons, de toutes les couches de la population, ont réussi par leur ferveur, à surmonter leurs frayeurs, à se surpasser, à écrire une épopée en libérant leur patrie.

Ces inconnus de la première heure devenus des héros sans jamais en revendiquer le titre, ont, pour la plupart, continué après la guerre à servir dans l'armée française.

Ils ont le plus souvent accédé à des postes de commandement, encadrant et formant rapidement un noyau d'élite opérationnel.

La France engagera d'ailleurs ses premiers paras en Indochine, dans les innombrables opérations où ils se couvrirent de gloire, puis sur bien d'autres terrains et en bien d'autres circonstances.

Aujourd'hui encore, la base école de Pau forme de nouveaux paras, avec, à l'issue de l'entraînement, la série de six sauts réglementaires qui se termine par la remise du brevet parachutiste, appelé "la plaque à vélo" par les heureux élus.

Autour de cette école réputée s'articule la Division aéroportée et de nombreux régiments, dont ceux de la Légion étrangère.

Ces troupes d'élite s'exercent et crapahutent dans le Sud-Sud-Ouest de notre pays, essentiellement pour des raisons climatiques très favorables, permettant d'effectuer des sauts pratiquement toute l'année. Chaque breveté doit en effet effectuer six sauts par an pour bénéficier de la "solde à l'air".

Bons camarades et gais lurons

Après cette brève introduction pour mieux comprendre la suite, j'en reviens à nos bons camarades et gais lurons qui, sur la base du volontariat, se retrouvent sous les ordres de ces "anciens", toujours prêts à tenir leur pari de faire des hommes de ces jeunes enthousiastes, et même des hommes redoutables et redoutés.

Mais pour forger des hommes véritables il n'existe pas de potion magique.

Voici donc comment ça se passait et comment, au fil des ans, avec quelques variantes dues à l'évolution des techniques d'enseignement et des matériels, de plus en plus sophistiqués, ça se passe encore de nos jours.

Nos joyeux pékins, toujours volontaires, en civil avant leur incorporation d'une durée de 18 mois (c'était ainsi en ce temps-là!), font connaissance et très vite des affinités se découvrent en fonction du caractère de chacun et de son origine.

Pour le décor, imaginez les forteresses de Vauban qui fleurissent dans la région, et accueillent nos futurs guerriers, derrière leurs hauts murs et leurs casemates indestructibles, leurs salles sans chauffage et une installation spartiate.

Changement de costume

Les joyeuses plaisanteries et les gentils sourires du début se figent assez vite, dès le changement de costume. C'est dans une ambiance glaciale où des ordres sans humour claquent sèchement nous ramenant brutalement sur terre, nous chassant de notre petit nuage où heureux de vivre nous bombions le torse et nous croyant bien planqués.

En ces lendemains de guerre où la France se relevait avec courage mais sans le sou, la découverte de ces uniformes sans panache, provenant généralement de surplus américains, anglais ou australiens, nous laissaient rêveurs. Mais, faisant bon coeur contre mauvaise fortune, nous considérions que ces défroques avaient au moins le mérite d'exister.

Mais nous étions jeunes et ces tenues présentaient quelques particularités prêtant à sourire, égayant nos mines allongées lors de leur réception.

Si les treillis, ma foi, pouvaient encore passer, les inconfortables souliers à clous étaient déjà moins bien venus. Quant aux méchants bérets noirs récupérés par l'intendance sur quelque marché de solde en gros d'alentour, c'était la grosse déception.

Comment plaire aux filles dans un tel accoutrement ?

Précisons tout de même que les premiers paras appartenaient soit aux troupes coloniales arborant un beau béret rouge, soit à la Légion, au traditionnel béret vert.

Mais pour nous autres métropolitains, nous ne coifferons nos beaux bérets bleus et ne chausserons notre superbe paire de rangers made in USA, légers, souples et du plus bel effet, qu'après l'obtention de notre brevet.

N'anticipons pas

La fête commence dès le lendemain de notre arrivée par quelques roboratives marches de nuit, avec à l'épaule une vieille pétoire lourde et longue au possible (Enfield 1917), ce qui permet de mettre nos pieds en conformité avec nos chaussures en cuir rigide.

Parler de nos ampoules est une excellente entrée en matière en tissant quelques liens, malgré l'obscurité et une progression en terrain inconnu, semé d'embûches naturelles, sadiquement choisies par les cadres.

Au départ, à froid, chacun n'a pas la même résistance. L'encouragement discret d'un camarade de marche, le ralentissement d'un autre pour récupérer un retardataire en difficulté, c'est trois fois rien mais cela cimente le groupe.

Puis, nous sommes répartis en équipes de 12 hommes, effectif correspondant à la capacité du Junker 52 qui servait à larguer un groupe para, appelé un stik.

Ce nombre de 12 correspondait aussi à la technique qui commençait à se mettre en place dans ces unités: le commando. Pour assurer une mission avec le maximum de chance de réussite, son effectif ne doit être ni trop lourd ni trop faible.

Corvée des "tinettes"

Au menu de l'apprenti para il n'y avait pas que les marches de nuit : outre la délicieuse corvée des "tinettes" il y avait celle des pluches.

En plus sportif et plus viril, nous avions les cours de close-combat, de maniement d'armes, de tir, de manipulation des explosifs, etc.

Sans oublier les durs exercices au sol, pour préparer l'entraînement dispensé à Pau.

Cette rude formation était calquée sur celle reçue en Angleterre par nos chefs, et croyez-moi, ils n'avaient pas cherché à adoucir la potion.

Tous ces exercices, parfois violents, s'effectuaient le plus souvent avec des moyens de fortune. Plus le programme avançait plus les épreuves devenaient difficiles.

En ce temps-là, comme au cirque, il n'existait pas de filet de protection. Pour se laisser rouler, agrippé au chariot par les mains, le long du câble tendu entre deux bastions du Fort Vauban, fallait être jeune et inconscient et avoir une sacrée confiance en ses chefs. Quant aux glacis ils étaient à notre menu pratiquement sans préavis.

Si les paras sont peut-être plus soudés entre eux que d'autres troupes d'élite, cela découle probablement de ces rudes épreuves vécues en commun à l'école de Pau. ƒpreuve d'endurance et de vérité.

La "Tour"

Les agrès sont encore rudimentaires et se jeter dans le vide à 12 mètres de haut avec un câble qui vous "rattrape" à 1 mètre du sol, voilà par exemple ce que nous propose l'exercice de "la tour". En bas, les copains nous observent avec plus ou moins d'émotion, selon qu'ils sont déjà passés par là ou pas.

Pour l'homme aussi bien que pour un grand nombre d'animaux, le vide est quelque chose de contre nature, provoquant un sentiment d'angoisse.

Premier saut en vol

Après l'exercice de la tour, se retrouver dans un avion en vol, et se présenter devant la porte de la carlingue restée ouverte pour s'élancer dans le vide à 300 mètres d'altitude, c'est pas toujours évident pour le parachutiste débutant.

Faut une certaine dose de volonté et de confiance pour affronter cette épreuve. Car nos instructeurs ne se lassent pas de nous le seriner: si les fantassins sont le plus souvent véhiculés jusqu'à proximité de leur champ d'opération, les marins débarqués sur des plages, les paras ne peuvent être largués utilement (le mot est jeté) que sur le front opérationnel ou derrière les lignes adverses.

Le largage s'effectue alors à moins de 300 mètres d'altitude pour éviter le tir "au pigeon" dont ne se priverait pas l'ennemi, mais aussi pour faciliter les missions d'infiltration afin de limiter les risques de repérage.

Le saut en parachute n'étant qu'un moyen de déplacement rapide, c'est une fois au sol que commence la véritable mission des paras. Pour l'exécuter correctement, il faut arriver en bon état avec son paquetage complet.

Exercice d'opération

Mais pour accomplir une opération sérieuse, le para saute avec un sac ventral impressionnant, un legbag, en forme de boudin, bourré de matériel lourd, de munitions, d'explosifs, d'un poste de radio émetteur-récepteur avec sa batterie, son armement et ses munitions individuelles, sans oublier ses rations de survie.

Un para qui se blesse en arrivant au sol va affaiblir son équipe dans l'accomplissement de sa mission.

Sans parler du handicap que représente un blessé pour un commando contraint à demeurer insaisissable et très mobile. Selon la gravité de sa blessure et suivant le terrain, le blessé devra être déposé par ses camarades dans un coin de bois impénétrable ou un abri de fortune en attendant sa récupération.

Tel n'est pas toujours le cas, car pour un para c'est un crève-coeur d'abandonner un camarade, mais cela arrive hélas.

Cet entraînement au saut, méthodique et précis, laissant le moins de prise possible au hasard, n'a d'autre but que de limiter au maximum les risques de "casse".

Ce dur entraînement va permettre à notre commando déjà bien soudé, d'accomplir avec quelques chances de succès nos futures missions en territoire hostile. Ces conditions extrêmes, exigent de tout le groupe une énergie hors du commun, sans que nul d'entre nous n'ait le droit de flancher sauf à risquer de mettre en péril la vie de tous.

Ajoutons qu'en opération, les sauts s'effectuent soit en formations coordonnées de plusieurs avions, larguant des centaines d'hommes, type débarquement de Normandie, soit à partir d'un seul appareil, larguant une dizaine de gars pour une mission délicate.

Qui d'autre, sinon un commando de paras, aurait été en mesure de remplir la mission aéroportée de Kolwezi pour libérer à temps les otages menacés d'exécution ?

ætre para c'est être toujours disponible et prêt à partir n'importe quel jour et par n'importe quel temps vers n'importe quelle destination.

Esprit d'équipe

C'est donc cet esprit d'équipe, de confiance mutuelle, de courage, basé sur le volontariat, qui va créer ce petit plus, ce quelque chose d'impalpable qui fait que les paras c'est vraiment une arme à part !

ƒvidemment, nous les paras sommes des soldats comme les autres. Mais l'entraînement spécial, approprié à notre futur mode de transport aéroporté et à notre future mission, peu importe sa nature, exige que nous possédions des nerfs d'acier, des réflexes quasi automatiques indispensables à notre survie en milieu hostile et d'être en mesure de les utiliser avec beaucoup de discernement et une grande détermination.

Nous ne sommes pas des kamikazes et nous tenons à notre vie, mais pour la conserver rien de tel que de savoir exactement comment la protéger et cela, nous avons appris à le faire.

Cette présentation succincte de notre arme est là pour démythifier les paras, idolâtrés par les uns, méprisés car jalousés par des grincheux.

En ce début de siècle, l'entraînement du para est mieux suivi médicalement qu'il ne l'était jadis, son équipement plus moderne, les moyens à sa disposition plus performants. Mais l'ennemi potentiel mieux armé face à ces combattants tombés du ciel connaît lui aussi mieux les techniques utilisées, et l'environnement en terrain adverse devient plus hostile.

Les paras restent fidèles à leurs traditions, aujourd'hui comme hier, et c'est l'honneur de ces "soldats de l'insolite", élite de notre armée.

Des robots ou des hommes ?

Ce sont des hommes, et souvent les meilleurs par l'esprit et par le coeur.

Pour vous en convaincre, je vous invite à lire notre "prière" et vous découvrirez que lors des moments difficiles nous pouvons comme tout un chacun implorer le secours divin.

Vive les paras.

Henry Bardies - 56645
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claude millet
Fondateur
claude millet



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Très bien Charbonnier...!
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TRès joliment écrit tout cela.... Merci Charbonnier !

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junker
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C'est un plaisir de lire ce texte et d'approuver ce que l'on connait le mieux !!!
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